Touch Pianist
Connaître sa partition, c'est une chose. Maîtriser le tempo d'un morceau pour lui donner son âme, c'en est une autre. Touch Pianist, du développeur turc Batuhan Bozkurt, explore l'art d'étirer les passages émouvants et de relancer andante les refrains, de jouer ritenuto («en retenue») ou largo («amplement»). Tout internaute peut se prêter au jeu, même s'il n'a jamais touché un instrument de sa vie, pourvu qu'il soit muni d'un doigt : le morceau avance d'une note à chaque pression sur le clavier de l'ordinateur. Pourvu que l'on ait en tête la mélodie originale, on a vite l'impression de maîtriser une interprétation de génie sur un grand piano à queue. Ne manquent que les applaudissements et les «bravo» derrière le dernier accord.
[ touchpianist.com ]
Popcorn Chef
Imaginons un chef cuistot très méchant. Qui nous engueulerait, nous, pauvre commis dédié à la cuisson du pop-corn, dès qu'on ferait déborder la cocotte et tomber plus de trois grains de maïs soufflé. Voire deux grains et le couvercle. Et il serait tellement strict, ce Popcorn Chef, qu'il nous interdirait aussi de mettre trop peu de maïs. Impossible de se garder une marge pour éviter les débordements : faut que ça monte à ras bord. Alors comment on fait, nous, pauvre commis ? Eh bien, on tremble de peur en versant nos petits grains. On espère ne pas tomber sur un sachet plein de grains moisis - les bruns qui ne poperont pas -, ni se laisser déconcentrer par les grains géants qui tombent parfois. Pfiou ! Heureusement, les bruitages sont cool.
[ ramsay.itch.io/popcorn-chef ]
Grow Park
Construisons un parc. On peut monter une structure en bois et planter des arbres, mais ils ne pousseront que s'ils sont irrigués. Installons-y un animal sauvage ! Mais s'il y a des arbres, ne risque-t-il pas de se cacher dedans ? Et un chemin pour parcourir le parc ? Oui, mais il faut du temps pour le tracer. Ah, quel casse-tête ! Ce n'est pas grave : quel que soit l'aménagement de notre espace vert, les bonshommes seront heureux d'y organiser moult activités. Mais si on parvient à trouver l'ordre parfait dans lequel activer les cinq éléments de départ, pour qu'ils se développent en harmonie jusqu'à atteindre chacun leur stade «maximum», le jeu est gagné. C'est le bon vieux principe de la série Grow, dont les choupinettes animations nous avaient manqué.
[ www.fr.eyezmaze.com/2015/08/grow-park.html ]
Leon Cool Game
Leon, graphiste new-yorkais, a créé Leon Cool Game comme un «livre dont vous êtes le héros», mais sur le réseau social Twitter. La situation initiale : un poussin vient de se réveiller dans une chambre. Est-ce qu'il a plutôt envie d'aller aux toilettes, de caresser le chat ou d'ouvrir ce mystérieux coffre qui scintille dans la lumière du matin ? Chaque scène est un tweet, illustré d'un adorable GIF animé, de quelques lignes de scénario, et proposant deux ou trois liens vers d'autres comptes Twitter… Chacun illustré d'un adorable GIF animé, de quelques lignes de scénario, et deux ou trois liens vers d'autres comptes Twitter. L'histoire se ramifie ; on a peur de se perdre. On meurt beaucoup et on recommence souvent. Mais il y a une faille dans laquelle s'engouffrer pour changer enfin le cours des événements.
Passengers
Sur le quai attend Hamlet, un avocat qui cache un enfant sous une couverture. Il voudrait rejoindre l’Italie. Derrière lui, Gaetano a des projets pour une vie meilleure à Dublin. Puis il y a Aaliyah, une femme qui aime une femme, et Naima qui fuit la guerre en Syrie avec ses enfants. Tous veulent une place à bord de notre bateau pour rejoindre l’Europe. Ils sont prêts à vider leurs poches et mettre leur vie entre nos mains. Nous, on fait le tri. On négocie le prix du passage. On essaye de pas trop surcharger l’embarcation, et puis on y va. Au risque de traverser une tempête, de perdre des passagers affamés ou déshydratés, de tomber sur une patrouille.
[ Passengers ]
est un jeu minimaliste développé par deux Français, François Alliot et Arnaud Debock, dans le cadre d’un concours sur le thème «Vous êtes un monstre».
[ ludumdare.com ]
There is no game
On aurait bien aimé chroniquer ce jeu du Français Kamizoto, développé dans le cadre d'un concours sur la «supercherie», mais cela va être difficile, car il n'y a pas de jeu. Non, non, pas de jeu. Rien qu'un titre, plaqué en grosses lettres sur fond noir, et cette voix qui semble si pressée de nous mettre à la porte. Si on était suspicieux, on dirait qu'elle a quelque chose à nous cacher. Peut-être même qu'on la titillerait du bout de la souris… On pourrait découvrir des secrets, jouer avec la voix, la provoquer, l'énerver et en tirer un moment de franche rigolade comme dans Portal, puis découvrir un double fond à cet environnement hostile, des décors, des personnages, des défis et des énigmes, une supermusique d'ambiance. On pourrait, si seulement il y avait eu un jeu. C'est dommage, quand même !
[ www.newgrounds.com/portal/view/659792 ]
Agar.io
Toi qui entres sur Agar.io, abandonne toute espérance de productivité pour les heures qui viennent. Tu es pris au piège, dans une bulle de couleur criarde. Tu commenceras minuscule, perdu au milieu des adversaires qui ne feront qu’une bouchée de toi si tu traînes sous leur nez. Mais tu cours plus vite qu’eux, et à force d’avaler les pastilles qui traînent en chemin, tu acquerras la carrure adéquate pour impressionner à ton tour les nouveaux. Les minutes défileront, puis les heures, et jamais tu ne pourras refermer la porte des enfers de la glande au bureau. Les petits poissons sont mangés par les moyens poissons, qui sont engloutis par les gros poissons : tel est donc le principe de ce site multijoueur, qui fait des ravages chez les internautes du monde entier.
[ agar.io ]
Fleeing the complex
Enfermé dans une prison soviétique, c’est pas la fin du monde : il n’y a
[ qu’à s’enfuir ]
! Une courte échelle pour sortir de la cellule, un coup de grappin pour se hisser sur le toit… Ah non, ça marche pas. On réessaye le saut vers la liberté à l’aide d’un ressort géant. Ou en gonflant notre tête à l’hélium ? Aucune stratégie n’est meilleure qu’une autre - jouer l’audace pourra se révéler salvateur ou très stupide - mais, dans le doute, on commencera par essayer les superpouvoirs ou les gadgets improbables, qui nous garantiront une bonne partie de rigolade.
Fleeing the Complex,
tout en anglais, est une hilarante avalanche de références et de clins d’œil à l’histoire des jeux vidéo. Et surtout, il se rejoue encore et encore, jusqu’à avoir exploré toute l’arborescence des options envisageables.
[ www.stickpage.com/fleeingthecomplexgameplay.shtml ]
Cube Escape
Inspecter les recoins, trouver des clés, ramasser les objets et les faire fonctionner les uns avec les autres, pour trouver un moyen de s’échapper. C’est le principe des
escape games
, dont les créateurs sont tous japonais… jusqu’à aujourd’hui. Deux jeunes développeurs néerlandais ont créé, en 2015, le studio Rusty Lake, apportant dans le genre un vent de fraîcheur avec pas moins de six jeux en six mois, où l’on pêche des cadavres dans un lac quand on n’enferme pas une grand-mère dans un placard. Graphismes dessinés et mises en scène surréalistes sont les marques de leur série
Cube Escape
, qui suit un scénario nébuleux ponctué de flashs à la
Shining
. Chaque titre aborde l’histoire par une autre facette. On décline les lieux, les protagonistes, les époques. A découvrir.
[ www.rustylake.com/tag/cube-escape-series/ ]
The Enchanted Cave 2
Cette entrée de grotte, au nord du village, on la franchira des dizaines de fois, les épaules tendues mais le cœur au ventre. L'aventure commence toujours par un tour chez le marchand, pour acquérir quelques équipements de base. On descend ensuite, niveau par niveau, en accumulant de l'expérience au fil des combats et des objets trouvés en chemin. Certains resteront dans notre inventaire à la sortie de la grotte. La plupart disparaîtront quand on décide, à bout de forces, d'activer nos ailes magiques pour retrouver l'air libre. Seuls restent entre chaque descente l'expérience gagnée, l'or collecté… et un certain savoir-faire. The Enchanted Cave 2 est une perle dans la famille des «rogue-like», ces jeux où l'on s'enfonce dans des souterrains générés aléatoirement, truffés de monstres et de trésors. Totalement addictif.
[ www.dojo.com/game/the-enchanted-cave-2 ]
Elements
Voilà quatre ans et demi qu'on était sans nouvelle de Neutral, maître japonais des escape games : il ou elle s'appliquait à développer son jeu le plus abouti à ce jour, le chef-d'œuvre du genre. Elements se distingue par une longueur et une profondeur inédites : une fois la première porte franchie, c'est pas moins de quatre tableaux supplémentaires qui se succèdent pour liquéfier notre cerveau. Le bureau à l'ambiance tamisée laisse place à une cage d'escalier à la mode médiévale, puis à un lumineux grenier aux vitraux colorés. On jongle avec les ambiances en changeant le décor, jusqu'au remarquable finale dans un jardin sous serre, duquel on n'a presque plus envie de s'échapper… Souvent, on a l'étrange sensation de replonger dans Myst. Les hommages sont évidents. Et les graphismes splendides.
[ neutralxe.net/esc/elements_play.html ]
Reactor Idle
Il faut produire de l'électricité. On clique pour acheter une éolienne, on clique pour l'installer, elle produit quelques watts et on clique pour les vendre. Le bénéfice est ridicule. Mais en recommençant vingt fois, cent fois, notre pécule ouvre la porte au meilleur investissement du monde : un centre de recherches. Grâce à lui, on ouvrira une entreprise chargée de vendre l'électricité, puis on embauchera une équipe pour remplacer les éoliennes HS. Le jeu devient indépendant ; l'argent arrive en flux continu. Et si on passait au photovoltaïque ? Il faudra placer les panneaux à côté de générateurs pour transformer la chaleur en énergie, et veiller à les tenir éloignés des bâtiments administratifs. Et pourquoi pas le charbon et le gaz, qui produisent plus mais risquent de faire exploser les générateurs ? Notre ambition est sans limite.