Depuis le début de l’affaire Renault, Ségolène Royal se retrouve prise entre le marteau et l’enclume. Le marteau, c’est le devoir de transparence exigé à juste titre de l’Etat par les citoyens sur les questions de santé publique. L’enclume, c’est la santé économique de Renault, dont ce même Etat est le principal actionnaire. Après avoir montré du doigt le constructeur français - alors que d’autres marques étrangères sont aussi concernées -, la ministre de l’Ecologie calme le jeu en affichant sa confiance en sa capacité à régler définitivement le problème. Tout en ne cessant de répéter que cette histoire n’a rien à voir avec le scandale des logiciels espions de Volkswagen aux Etats-Unis. D’un point de vue technique, c’est probablement vrai, il n’y a pas de dispositif équivalent dans les voitures françaises. Mais il est sûrement un peu tôt pour refermer le dossier, tant les zones d’ombre demeurent. Car ce qui comptera à la fin, c’est plus l’intention de tromper qu’un quelconque défaut technique à régler. Grâce à la commission mise en place en France après l’affaire Volkswagen, on a appris que certains véhicules diesels de Renault polluaient beaucoup plus que ce que n’autorise la norme, pour cause de dispositif antipollution ne fonctionnant que dans certains cas précis. C’est-à-dire rarement dans des conditions normales de circulation. Le pire dans cette histoire est que Renault était au courant de ce qui semble être un dysfonctionnement de notre point de vue. Et si le constructeur était au courant, c’est que la législation lui permet de vendre des voitures qui affichent des normes qu’elles ne respectent pas au final. En toute légalité. Ce devoir de transparence ne concerne pas que Renault, mais tout autant le législateur, qui doit mettre un terme à cette hypocrisie.
éditorial
Législation
Chez un concessionnaire de Saint-Herblain, le 15 janvier. (Photo Loïc Venance. AFP)
ParDavid Carzon
Publié le 19/01/2016 à 20h01
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