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Libération

Bouygues Telecom Une idée derrière la tête

Par
J.Le.
Publié le 20/01/2016 à 20h01

C’est peu dire que Bouygues Telecom a souffert de la guerre des prix entamée en 2012. Entre les neuf premiers mois de 2011 et la même période en 2015, son chiffre d’affaires a fondu de 1 milliard d’euros. Sa marge d’exploitation, soit son niveau de profit avant impôt, dividende et investissement, a plongé de sept points. Malgré un léger rebond ces derniers mois, Martin Bouygues sait qu’il est passé sous la ligne de flottaison. A long terme, c’est intenable. L’entreprise qu’il a créée il y a vingt-deux ans risque de couler. Il faut la sauver, et si possible avec les honneurs. Pour lui, c’est une question d’orgueil.

Il a loupé le rachat de SFR, remporté par Drahi en 2014, et a refusé de vendre au même Drahi en 2015. En 2016, le fils de Francis Bouygues, souvent moqué d’être un héritier par ses rivaux, s’est donc tourné vers Orange. Résigné ? Pas seulement. L’homme, plus rusé que sa bouille de bon père de famille voudrait le faire paraître, a une idée derrière la tête. Il s’apprête à céder son bébé contre quelques milliards d’euros en cash et une participation dans Orange. On parle de 10 % à 15 % du capital, ce qui ferait de lui le deuxième actionnaire de l’entreprise derrière l’Etat. En attendant d’être le premier, si la puissance publique en vient un jour à se désengager. Alors qu’il était acculé, Martin Bouygues pourrait donc se retrouver en position de force dans l’un des plus gros opérateurs de télécommunications de la planète. Un mastodonte réalisant 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, que son PDG, Stéphane Richard, veut lancer à l’assaut de l’Europe et de l’Afrique. Il y a des échecs économiques qui se terminent plus mal.