L’arrivée tonitruante de Free sur le marché du mobile début 2012 a bouleversé le secteur, et il n’y a rien qui puisse faire davantage plaisir au hackeur Xavier Niel. En cassant les prix, le fondateur d’Iliad, la maison mère, a parfaitement réussi son coup : quatre ans après, son entreprise est installée dans le paysage, avec 11 millions de clients mobile, et sa capitalisation boursière a plus que doublé. Elle dépasse 12 milliards d’euros. Et la fortune de son premier actionnaire a explosé… La percée de Niel est d’autant plus fantastique qu’il l’a réalisée sans réseau mobile. Depuis le début, il loue les infrastructures d’Orange et y fait passer le trafic généré en 2G et 3G par ses clients. Cet accord d’itinérance lui a donné les moyens d’accomplir son blitzkrieg. Mais il prendra fin progressivement à partir de 2018, selon le souhait de l’Arcep, l’autorité de régulation du secteur.
D'ici là, Free devra avoir déployé son réseau. S'il a accéléré ses investissements ces derniers mois, surtout en 4G, cela reste une course contre la montre - il est notamment à la peine sur la 3G. Conscient que le calendrier est serré, Niel pousse à la consolidation depuis deux ans. Il a noué des alliances successives avec tout le monde et était d'accord pour mettre jusqu'à près de 2 milliards pour jouer le facilitateur. Le rachat de Bouygues par Orange pourrait lui permettre d'arriver à ses fins. Il reste néanmoins gourmand. «Hors de question que l'opération débouche sur un duopole constitué d'Orange et de SFR en nombre de clients», prévient l'un de ses proches. Autrement dit, Free veut garnir son portefeuille d'abonnés dans l'histoire. Pas sûr que les rivaux lui fassent ce nouveau cadeau.