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Barrages

Eleveurs : «Bloquer l’activité économique de la région pour faire entendre nos revendications»

Dans le grand ouest, les agriculteurs ont multiplié les barrages. Un «mercredi noir» pour protester contre les cours trop bas.
Les éleveurs bloquent le tram, au Mans, le 27 janvier. (Photo Jean-François Monier. AFP)
publié le 27 janvier 2016 à 16h45

Malgré les annonces de Stéphane Le Foll qui s’est engagé mardi à débloquer de nouvelles aides pour les éleveurs, ces derniers ont multiplié les barrages routiers mercredi dans l’ouest de la France pour faire entendre leur colère. Sur la plupart des grands axes, en Bretagne, mais aussi en Normandie, dans les Pays de Loire ou encore dans l’Eure, des dizaines de tracteurs aux remorques chargés de lisier, de palettes ou de pneus usagés, ont bloqué la circulation ou les accès à des sites agroalimentaires.

«Notre objectif est de bloquer l'activité économique de la région pour faire entendre nos revendications», résume Jean-Paul Riault, président des Jeunes agriculteurs (JA) de Bretagne et producteur de lait.

Une vingtaine de barrages au total ont été mis en place pour ce «mercredi noir» lancé par la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) et les JA.

Depuis environ deux semaines ponctuées de mouvements de blocages routiers inopinés et sporadiques, les éleveurs de porcs, de vaches laitières mais aussi de bovins, dénoncent les cours très bas de leurs productions. Et se disent décidés à poursuivre leurs actions coups de poing.

«On veut une stratégie pour nos filières»

Thierry Coué, président de la FRSEA bretonne, a d'ores et déjà annoncé que son organisation ne participerait pas jeudi à la table ronde prévue à Rennes avec le ministre de l'Agriculture. «Nous avons pris cette décision car, aujourd'hui, on veut une stratégie pour nos filières, a-t-il expliqué. La mobilisation très forte va continuer, il nous faut des réponses et une visibilité.»

Les syndicats agricoles réclament notamment un étiquetage sur l’origine des viandes pour l’ensemble des produits, frais et transformés, mesure qui pourrait se heurter aux textes de l’Union européenne. Ils demandent également une harmonisation des normes sociales, environnementales et fiscales à l’échelles de l’Union et une meilleure répartition des marges entre les trois piliers de ces filières : les éleveurs, les transformateurs et industriels et les distributeurs. Cinq groupements de producteurs de porc ont décidé la semaine dernière de mettre en place une plate-forme de vente commune afin de peser davantage dans les négociations.

«Le ministre a cherché un effet médiatique»

Mardi, Stéphane Le Foll a annoncé le déblocage de 290 millions d’euros pour faire face aux crises sanitaires et économiques qui frappent les différentes filières agricoles du pays.

«Sur ces 290 millions d'euros, 130 millions seront alloués à la seule filière des palmipèdes touchée par la grippe aviaire, le ministre a surtout cherché un effet médiatique et ne répond pas à nos demandes», déplore Jean-Paul Riault, qui estime très insuffisants les 125 millions prévus dans cette enveloppe pour les élevages porcins et laitiers et les producteurs de légumes en difficulté.

Actuellement, le cours du porc est de 1,09 euro le kilo alors que son coût de production est de l’ordre de 1,40 euro. Le prix du lait oscille de son côté entre 0,27 et 0,30 centime le litre, alors que le prix d’équilibre se situe autour de 0,35 centime. Les syndicats estiment que 25 à 30% des producteurs de porcs pourraient mettre la clé sous la porte très rapidement.