A en croire l'Equipe, le rapprochement entre Cana+ et BeIn Sports est désormais en très bonne voie. Le quotidien sportif explique sur son site vendredi soir que les discussions entre les deux chaînes, révélées par Libération le 27 janvier dernier et qu'avait confirmé une source proche du dossier à l'AFP dès le lendemain, ont «très bien avancé». Au point que Vincent Bolloré, président de Vivendi et propriétaire de Canal+, prend les devants et a réuni les dirigeants du foot français vendredi midi pour tenter de les rassurer sur la nouvelle donne qui s'annonce dans la télévision payante. Une fois officialisé, un tel accord devra cependant recevoir l'aval de l'autorité de la concurrence, ce qui n'a rien d'évident. Le précédent de la fusion entre CanalSat et TPS en 2007 n'a pas laissé que de bons souvenirs...
L'homme d'affaires breton a donc reçu vendredi à déjeuner au siège de Vivendi Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), et Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, en compagnie l'ensemble de l'état-major de Vivendi et de Canal+. Comme l'expliquait Libération, ce rapprochement mettrait fin à l'inflation des droits de retransmission et à la guerre que se sont livrés dans ce domaine les deux principales chaînes payantes de sport en France ces deux dernières années. La LFP a cependant le temps de voir venir puisque les contrats sur le championnat français, en hausse, ont déjà été renégociés : ce sera 748,5 millions d'euros par an à partir de la saison prochaine (2016-2017) contre 626 millions d'euros aujourd'hui.
En revanche, rien de nouveau sur la forme que prendrait ce rapprochement entre Canal+ et BeIn Sports, propriété du fonds souverain du Qatar qui détient le PSG. Deux schémas d’alliance ont été envisagés. Le premier, de nature commerciale, ferait de Vivendi le distributeur exclusif de BeIn Sports. Autrement dit, ceux qui voudraient à l’avenir avoir accès aux chaînes qataries devraient nécessairement s’abonner aux offres de Canal+ ou CanalSat. Comme c’est le cas actuellement pour Eurosport. L’autre schéma, plus ambitieux et onéreux et qui a les faveurs du boss de Vivendi serait celui d’une acquisition pure et simple de la partie française de BeIn Sports, estimée à 500 millions d’euros par la banque Natixis.
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Au lendemain des révélations de Libération, la source qui avait confirmée les tractations en cours avait évoqué un dénouement, positif ou négatif, «fin février ou début mars», soit quelques jours après la présentation des résultats annuels de Canal+ qui aura lieu le 18 février. En forte perte de vitesse, la chaîne payante historique française a perdu beaucoup de terrain sur le marché devenu très concurrentiel des droits sportifs ces derniers temps. Elle n'a pu conserver les droits de tous les grands championnats étrangers, dont la Premier League anglaise, premier championnat au monde que lui a chipé Altice, le groupe de télécoms de Patrick Drahi (1) à partir de la saison prochaine.
Selon l'édition de cette semaine du Canard Enchaîné, la chaîne cryptée aurait perdu 250 000 abonnés en 2015 sur un total de 5,9 millions en France. Sur le seul mois de décembre, un mois clé au cours duquel Canal+ réalise la plus grande part de ses recrutements, ces abonnements seraient même en recul de 30%. D'où l'urgence à réagir et à trouver un accord avec BeIn afin de mettre fin à cette spirale baissière, sur fond d'explosion des coûts de la grille. Réponse définitive au plus tard dans un petit mois, donc.
(1) Patrick Drahi est propriétaire de Libération