Jeu et première manche, LCI. Dans l'interminable match qui oppose la chaîne d'info de TF1 à BFM TV, le Conseil d'Etat a tranché mardi en faveur de la première. Il a rejeté le recours en référé déposé par NextRadioTV, l'éditeur de BFM TV, qui souhaitait suspendre l'autorisation de passage de sa concurrente sur la TNT gratuite. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a validé cette demande le 17 décembre, provoquant la fureur d'Alain Weill, le PDG de NextRadioTV. Ce dernier a aussi déposé un recours sur le fond, qui n'a pas été examiné.
Le juge des référés du Conseil d'Etat explique qu'aucune «situation d'urgence» ne justifie en l'état une telle suspension, contrairement aux arguments avancés par NextRadioTV. Si le passage de LCI en gratuit pourrait faire baisser les parts d'audience et les recettes publicitaires de sa rivale, cette diminution ne sera pas, «à court terme, d'une ampleur telle qu'elle mette en jeu l'équilibre économique» de BFM TV. Rappelons que la chaîne d'info leader en France s'enorgueillissait de réaliser une marge d'exploitation de 20% à la fin du premier semestre 2015. Autrement dit, elle vit bien.
«Pas de blocage»
Par ailleurs, le Conseil d'Etat estime que «le passage de LCI en diffusion gratuite n'est pas nécessairement irréversible». NextRadioTV faisait valoir que, à la suite de la décision du CSA, TF1 allait investir sur le plan technique pour renforcer LCI, changer sa grille des programmes, embaucher des personnels, et que les téléspectateurs s'habitueraient très vite à avoir une nouvelle chaîne à la maison. Dès lors, selon NextRadioTV, il serait trop tard pour revenir en arrière. L'argument a été balayé, là aussi.
«Le rejet de cette demande de suspension ne préjuge en rien du fond de l'affaire, qui sera jugée définitivement dans les prochains mois», prévient cependant le Conseil d'Etat. La guéguerre juridique n'est donc pas terminée. En attendant, LCI n'est toujours pas disponible sur la TNT gratuite, alors qu'elle espérait initialement débarquer sur les télés de la France entière fin janvier. Les dirigeants de TF1 et le CSA négocient encore la convention au sein de laquelle seront listées les obligations de la chaîne d'info.
«Il n'y a pas de blocage, il y a seulement des discussions techniques», assurait la semaine dernière au Figaro Nonce Paolini, le patron de TF1, qui espère aboutir entre la mi-février et début mars. Pour lui, le plus tôt sera le mieux. Car s'il y a une urgence financière, elle est plutôt de son côté. Sans contrats de distribution depuis le 1er janvier et faute de ressources publicitaires suffisantes, LCI perd 80 000 euros par jour.