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Libération

Areva sous perfusion

publié le 10 février 2016 à 20h31

Renfloué mais pas sauvé : quinze ans après sa création par Anne Lauvergeon, l’ex-champion nucléaire né de la fusion de la Cogema (combustible, déchets) et de Framatome (cuve et réacteurs) reste en quasi-faillite. En cause, le dérapage hallucinant du chantier du réacteur EPR finlandais : neuf ans de retard et une facture qui a explosé, de 3,5 milliards à 8 milliards d’euros ! «L’hiver nucléaire» qui a suivi Fukushima, l’affaire Uramin et des paris hasardeux dans l’éolien n’ont rien arrangé. Bilan des courses : une perte historique de 4,83 milliards d’euros pour 2014 et l’annonce de 6 000 suppressions de postes, dont 4 000 en France. Le groupe n’a dû son salut qu’à un plan Orsec monté par l’Etat actionnaire (86,5 % du capital). Dans le rôle du pompier, EDF doit racheter l’an prochain la division réacteurs d’Areva pour 2,5 milliards. Ce qui équivaut au démantèlement de l’empire atomique créé par Lauvergeon : fini les EPR, ce qui reste d’Areva se concentrera sur l’amont (les mines et l’enrichissement d’uranium) et l’aval (le retraitement de déchets). Le géant déchu va aussi recevoir une perfusion de 5 milliards d’euros de l’Etat avec le concours de fonds koweïtiens et chinois. Mais le nouvel Areva a besoin de 7 milliards pour tenir jusqu’en 2017. C’est dire si l’accident industriel a viré à la catastrophe.