En début de semaine (lire Libé du 8 février), nous nous intéressions au phénomène Valeurs actuelles, l'hebdo ultra-droitier qui cartonne à force de dossiers scandaleux et de couvertures provocatrices (dont, rappelons-le, deux lui ont valu des condamnations pour provocation à la discrimination, la haine et la violence), se nourrissant de toutes les peurs de l'époque. Les nouveaux propriétaires du titre, parmi lesquels Etienne Mougeotte et Charles Villeneuve, nous faisaient comprendre, à mots couverts, qu'ils allaient en terminer avec cette politique éditoriale outrancière, conduite par le directeur de la rédaction Yves de Kerdrel, et avaient pour objectif d'en faire le «grand journal des droites». Soit, en somme, un magazine respectable, moins branché sur la polémique trash et davantage sur l'info, le scoop et le débat d'idées.
Trois jours après, on est servi, avec l'apparition de la moumoute de Donald Trump en une, pour un coup fumant. Très fumant. Dans une «interview» en roue libre totale, le milliardaire new-yorkais balance les pires stupidités possibles, sur la France, l'islam, l'immigration, sans que l'hebdo lui oppose la moindre contradiction. Y compris lorsqu'il verse dans l'abject, à propos du Bataclan : «C'était open bar pour le massacre. […] C'était le tir aux pigeons. […] Vous pensez vraiment que, s'il y avait eu dans l'assistance quelques personnes armées et entraînées, cela se serait passé de la même façon ? Je ne le crois pas. Ils auraient tué les terroristes. C'est du bon sens. Il faut savoir se défendre.»
On avait compris que Valeurs actuelles resterait le journal de la droite décomplexée. Il reste aussi le porte-voix de la bêtise décomplexée, honteuse, crasse.