L’industrie du smartphone est jeune, immature et donc oligopolistique. Le secteur, qui se réunit cette semaine à Barcelone pour le Mobile World Congress, vit sous la loi de quelques mastodontes ultradominateurs. Le marché mondial se résume plus que jamais à un trio infernal : Apple, Google et, à moindre échelle, Samsung. Les concurrents se partagent les miettes, bataillant pour les places d’honneur, même si les agressifs dragons chinois (Huawei, Lenovo, Xiaomi) parviennent à résister.
Chine. Devenue l'entreprise la plus prospère de tous les temps, avec 216 milliards de dollars de trésorerie, Apple est le vrai leader. Traditionnellement, il vend moins de smartphones que Samsung. C'est moins vrai depuis qu'il s'est répandu à grande échelle sur le marché chinois il y a deux ans et qu'il a conçu l'iPhone 6, un énorme succès. La boîte californienne a dépassé le fabricant coréen au quatrième trimestre 2014, avec près de 75 millions d'iPhone écoulés.
Dans la course au volume, Samsung, qui s’est bien repris après quelques trimestres difficiles, reste devant. Mais Apple, avec son positionnement haut de gamme, a gagné la guerre de la valeur depuis longtemps. Le prix de ses smartphones est tellement élevé qu’il s’accapare la quasi-totalité des profits du marché : plus de 90 % des bénéfices réalisés par le secteur l’an dernier étaient le fait d’Apple, selon le cabinet d’analyse Canaccord Genuity. Lors du seul quatrième trimestre 2014, le groupe fondé par Steve Jobs, dont 68 % du chiffre d’affaires vient de l’iPhone, a dégagé un résultat net ahurissant de 18,3 milliards de dollars. Un record dans l’histoire du capitalisme.
Barre symbolique. L'autre star du marché est Google. Pas tant comme fabricant de smartphones, activité où il tient une place marginale, que comme fournisseur de son système d'exploitation. Le géant vient de dépasser une barre symbolique : plus d'un milliard de smartphones tournant sous Android ont été vendus dans le monde en 2015. Le chiffre, en constante progression, atteint 325 millions au quatrième trimestre. C'est autant d'utilisateurs qui vont ensuite se tourner majoritairement vers les logiciels gracieusement offerts par Google (Gmail, Maps, YouTube…). Et l'assurance pour l'entreprise aux 75 milliards de dollars de revenus en 2015 de distribuer de la publicité dans tous les sens.
De ce point de vue, Google est en train de créer un quasi-monopole, comme Microsoft avait réussi à le faire dans le PC. Ce dernier n’arrive pas à percer avec Windows. BlackBerry a presque disparu, de même que les autres systèmes d’exploitation. Seul Apple, porté par la puissance de l’iPhone tournant sous iOS, conteste la suprématie de Google. L’industrie du smartphone ressemble de plus en plus à un duopole.