Il y a un peu plus d'un an, Canal+ déroulait une importante campagne de communication à propos de la diffusion de la saison 3 de House of Cards. Mise à disposition en exclusivité et en VOST au lendemain de la diffusion américaine, marathon de saisons précédentes, bandes-annonces, affiches détournant des phrases de Machiavel (soit à peu après l'égal en sciences du coup fourré de Frank Underwood)… Bref, le grand barnum pour une série essentielle dans l'offre de la chaîne cryptée. Un an plus tard, alors que la quatrième saison produite par Netflix doit arriver sur nos écrans français, rien.
C'est le site spécialisé Satellifax qui a le premier avancé la raison de ce silence : Canal a perdu les droits de diffusion de la série. Elle avait acquis les trois premières saisons. Mais Netflix, implanté depuis septembre 2014 sur le marché français, a décidé de garder pour lui la quatrième saison, diffusée partout dans monde à partir de ce vendredi. Le service américain de SVOD [vidéo à la demande par abonnement, ndlr] est l'unique distributeur, sur sa plateforme, de sa série phare, comme tous les autres feuilletons qu'il produit.
C'est un coup dur pour la chaîne cryptée, qui perd une des séries les plus fortes et les plus emblématiques. Et un coup symbolique à plus d'un titre aussi. De partenaire possible, Netflix n'a plus besoin de relais et devient un concurrent des plus dangereux : à force d'enrichir son catalogue d'exclusivités, il ne cesse de grignoter des abonnés, et Canal+ est une de ses cibles principales. De plus, cette perte survient au moment même où la chaîne française ne peut la compenser par ses propres productions. En effet, Baron Noir, considéré comme le House of Cards de la chaîne cryptée, n'a pas réalisé les audiences attendues, malgré des critiques favorables, un bon bouche-à-oreille et une grande campagne de pub.
Après la tranche en clair et le sport (tant que le rapprochement avec BeIn n’est pas finalisé), c’est un autre pan du catalogue de Canal qui est écorné. Avec les ambitions des nouveaux entrants, le paysage audiovisuel français ressemble de plus en plus à bataille à mort. Et tous les coups sont permis. Ce qui ne déplairait pas à Frank Underwood.