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Libération

Go : coup double pour la machine

publié le 10 mars 2016 à 20h01

Cette fois-ci, Lee Sedol jouait avec les pierres blanches, AlphaGo avec les noires. La partie, qui a duré une heure de plus que mercredi, fut très serrée jusqu'au dernier moment. Mais surtout, l'ordinateur a joué des coups inattendus. «Des coups innovants, en apparence dangereux, mais qui se sont avérés efficaces», a analysé le commentateur Michael Redmond.

Nervosité. «Hier, j'étais très surpris. Aujourd'hui, je suis sans voix. C'est une défaite sans appel. AlphaGo a joué un match parfait», a déclaré jeudi Lee Sedol au sortir de la partie. Alors qu'il approchait de la fin du temps qui lui était imparti et que le compte à rebours final avait démarré (chaque joueur dispose de deux heures, puis de trois fois une minute), le prodige a commencé à montrer des signes de nervosité. AlphaGo, lui, «a pris de la confiance au fil du jeu. Il avait l'air de comprendre ce qui se passait», a raconté Demis Hassabis, le cofondateur de DeepMind.

Joueuse amatrice (6e dan) de 40 ans, la sœur du champion, Lee Sena, semblait avoir du mal à encaisser le choc. «L'ordinateur est très, très fort. Lee Sedol, comme tout le monde, avait sous-estimé ses capacités.»Comme pour se rassurer, elle ajoute que la machine n'a pas percé tous les aspects du jeu. «Même si l'ordinateur remporte le match la semaine prochaine, il ne comprendra jamais les côtés merveilleux et mystérieux du go.»

«Millénaires.» En écho à ces paroles, HR Lee, spécialiste du go pour le quotidienChosun Ilbo, se montrait incrédule ce jeudi : «En Asie, le go fait partie de notre histoire depuis des millénaires. Nous ne pouvons donc le voir autrement que comme un jeu profondément humain.» La victoire d'AlphaGo le renvoie dix-neuf ans en arrière, quand il avait couvert le sacre de Deep Blue face à Kasparov. «C'est le même choc ! s'exclame-t-il. Mais cette fois, l'enjeu est plus grand.»

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