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Libération
Décryptage

Ne vaut-il pas mieux acheter une voiture 100 % électrique ?

Publié le 10/03/2016 à 19h51

En France, la question divise. Sous l'influence de Renault et Bolloré, le pays s'est lancé dans un ambitieux plan d'équipement de stations de recharge électrique. Certes, la loi sur la transition énergétique votée l'an dernier oblige le gouvernement à se lancer dans l'hydrogène. Mais selon Alexandre Chèvre, il est peu probable de voir deux nouveaux réseaux d'infrastructure grandir parallèlement. «La France s'est déjà lourdement engagée sur un développement des stations de recharge électrique et ce n'est pas encore gagné.»Cette technologie n'émerge dans aucune des projections du cabinet pour les quinze prochaines années - à l'exception du Japon, qui mène une politique agressive en faveur de l'hydrogène. «Sans parler du pétrole à 30 ou 40 dollars [25 à 35 euros, ndlr] qui ne fait pas les affaires de la pile à combustible», poursuit l'analyste. Or, sans forte implication publique, un écosystème bâti autour de cette énergie ne verra pas le jour et les constructeurs n'investiront pas davantage. La voiture à hydrogène restera une vitrine verte de leur savoir-faire, vitrine qu'il faudra aussi démontrer. Si la pile à combustible rejette zéro émission, la production d'hydrogène est gourmande en énergie. Et les modes de fabrications alternatives, via les énergies renouvelables, sont embryonnaires.

Dans le camp d'en face, le discours est plus volontariste. Certes, il se vend plus de 2 000 voitures électriques par mois en France et tous les fabricants annoncent un doublement de l'autonomie des batteries dans les quatre prochaines années. Mais le problème de la charge demeure. Sébastien Grellier, de Toyota, imagine une station-service équipée uniquement de bornes de recharge électrique, l'enfer : «Actuellement, pour votre voiture, il vous faut cinq minutes maximum pour faire un plein. Avec 12 stations, vous passez 144 véhicules par heure. Est-ce que vous imaginez le nombre de bornes de recharge qu'il vous faudra pour faire passer le même nombre de voitures électriques ?» Pascal Mauberger, de l'Afhypac, conclut : «Pour faire de l'interurbain ou de longue distance, la voiture tout électrique n'est pas la solution.» Reste à voir si l'hydrogène sera l'alternative.