La mesure ne convainc cependant pas vraiment le président de la FNSEA Xavier Beulin selon lequel «s'il n'y a pas de financement, la réduction de la production sur la base de l'article 222 n'a pas d'intérêt». Il faut dire qu'il y a un mois, le gouvernement français doutait lui aussi de l'efficacité de cette mesure si elle n'était pas accompagnée d'un mécanisme financier. Mais la situation a changé, plaide le ministre, selon lequel une «écrasante majorité de pays», y compris le géant de la production laitière qu'est l'Irlande, y sont désormais favorables. Un mécanisme qui, selon une source française, pourra également être étendu au secteur du porc.
Bruxelles a également donné son feu vert à un doublement des niveaux de stockage pour le lait écrémé en poudre et le beurre, respectivement à 218 000 et 100 000 tonnes, soit un niveau plus élevé que celui réclamé par la France, afin de limiter temporairement la production. Le plafond d’aides autorisées par exploitation, actuellement de 15 000 euros, pourra être relevé à 20 000 euros. Plusieurs Etats membres souhaitaient jusqu'à son doublement, et le voir passer à 30 000 euros. Dans le domaine du porc, la Commission a donné son accord par la voix du commissaire à l’agriculture Philip Hogan au lancement d’un nouveau mécanisme de soutien privé des carcasses. Et un système européen de soutien à l’exportation est mis à l’étude.
Alors qu'une centaine d'agriculteurs belges manifestaient en plein quartier européen, certains venus avec vaches, agneaux ou porcelets, la Commission de Bruxelles a enfin autorisé la France à expérimenter durant un an l'étiquetage de l'origine des viandes et du lait dans les produits transformés. Une victoire pour l'hexagone qui y voit un moyen de promouvoir son élevage en pleine crise. Le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaïtis, a approuvé «le principe d'une expérimentation pendant un an […] c'est très important parce que si on veut prendre une mesure en France il faut que ce soit conforme au niveau européen, sinon le Conseil d'Etat nous la retoquerait», a commenté le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, à l'issue du conseil. Selon lui, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et le Royaume Uni reprendront cette idée d'étiquetage de l'origine des produits. L'Allemagne en revanche ne souhaite préciser que le pays d'abattage.
La Commission avait prévenu avant la réunion qu'elle n'avait pas l'intention d'accepter de nouvelles dépenses financées par de «l'argent frais», et qu'elle avait des réticences à utiliser «la réserve de crise» européenne, «parce qu'il s'agit de l'argent des agriculteurs». Lancé il y a six mois, le plan d'urgence européen prévoyait notamment 500 millions d'euros, principalement sous forme d'enveloppes nationales d'aides directes aux agriculteurs des secteurs les plus touchés, que les Etats membres peuvent doubler avec des fonds nationaux. La Commission fait valoir que les aides débloquées n'ont pas toutes été utilisées par les Etats membres.