Tesla descend en gamme, pour mieux rafler le marché de la voiture électrique pour tous. Jeudi soir à Los Angeles, le constructeur californien présente la Model 3 dont le prix de vente, aux Etats-Unis, devrait tourner autour de 35 000 dollars (31 500 euros). Ce modèle vient compléter le catalogue Tesla, jusque-là composé de la berline Model S et du crossover Model X, deux véhicules haut de gamme 100% électrique dont les performances n’ont rien à voir avec celles d’une voiturette. Comme ses devancières, la dernière née de la marque créée par Elon Musk est annoncée avec une autonomie comprise entre 300 et 500 km qui rapproche la voiture électrique des véhicules carburant à l’essence.
Le lancement de la Model 3 marque une étape importante dans la stratégie de Tesla. Si la Model 3 reste chère pour une compacte, elle sera vendue à la moitié du prix des autres voitures jusque-là commercialisées par le constructeur. L’Américain avait choisi de pénétrer le segment électrique par le haut de gamme avec la sportive Roadster, dont il avait racheté les châssis à Lotus. Le groupe était ensuite descendu en gamme de prix avec la Model S, premier véhicule construit intégralement, et le crossover Model X. Cette fois-ci, Musk vise un public plus large. La voiture est destinée à être distribuée en grande série, avec un objectif de 500 000 véhicules par an en 2020, contre dix fois moins l’an dernier.
Si l’objectif est tenu, Tesla renforcerait considérablement sa position sur le segment de la voiture électrique, et s’imposerait plus durablement dans un secteur de l’automobile toujours dominé par les constructeurs historiques. L’an dernier, Tesla a déjà pris la tête du classement des ventes de voitures électriques dans le monde. En 2015, 550 000 modèles ont été immatriculés. Avec 42 730 immatriculations, la Tesla Model S devance le Mitsubishi Outlander (41 080 unités écoulées) et la Nissan Leaf (40 240 unités).
En Europe, premier marché de la voiture électrique en 2015 devant la Chine et les Etats-Unis, la Renault Zoe arrive en tête avec 18 000 ventes. Mais sur la fin de l’année, Tesla a soufflé la seconde place à Nissan pour une poignée de modèles (15 515 ventes pour l’américain, 15 455 ventes pour le japonais). En Norvège, premier marché européen de la voiture électrique (devant la France), Tesla est en deuxième position derrière la version électrique de la Golf. Quant au marché américain, Tesla le domine avec 25 202 unités écoulées en 2015, devant la Mercedes Classe S et l’Audi A7. Bref, sur tous les principaux marchés, le constructeur californien s’impose parmi les leaders du secteur, une vraie prouesse pour un véhicule vendu, aux Etats-Unis, 70 000 euros pièce.
La concurrence embraye
Treize ans après le lancement de la start-up, Tesla espère être rentable pour la première fois cette année, alors que ses pertes nettes en 2015 s’élevaient tout de même à 889 millions de dollars pour un chiffre d’affaires à peine cinq fois plus élevé (4,05 milliards de dollars).
Tesla devra cependant faire face à une concurrence grandissante, notamment aux Etats-Unis. General Motors annonce pour la fin de l’année une berline à prix abordable, la Chevrolet Bolt, avec une autonomie d’environ 300 km. Les premières livraisons de la Model 3, quant à elle, ne débuteront pas avant fin 2017 pour les Etats-Unis et 2018 en Europe. Le constructeur espère contourner cette arrivée tardive en ouvrant les réservations dès ce jeudi soir et ainsi éviter que les clients ne se laissent tenter par d’autres modèles. Des modèles de plus en plus nombreux sur un marché qui fut longtemps pauvre. Aujourd’hui, il compte une quarantaine de modèles différents. Or, les places sont précieuses. Les voitures électriques ne représentent que 1% des ventes en France, et seulement 0,4% aux Etats-Unis.