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Libération

Bouygues et Orange, échec net

publié le 1er avril 2016 à 21h21

Encore raté ! Devenu le serpent de mer des télécoms, le passage de quatre à trois opérateurs n’aura pas lieu. En tout cas pas sous la forme, inédite à l’échelle européenne, du rachat du quatrième opérateur Bouygues par le leader du marché, Orange. Convoqués vendredi soir, les conseils d’administration des deux groupes ont acté l’échec des discussions. A l’unanimité, celui de Bouygues a décidé de mettre fin au rapprochement et de faire cavalier seul. Une énorme surprise, tant la volonté de l’ensemble des acteurs - Bouygues, le vendeur ; Orange, SFR, Numericable et Free - de parvenir à cette concentration du marché semblait forte. Après trois mois de fiançailles qui devaient aboutir à un très complexe contrat de mariage sur fond de partage des actifs de Bouygues Telecom entre les trois opérateurs restant, les obstacles se sont finalement révélés trop importants. A commencer par le prix de 10 milliards d’euros exigé par Martin Bouygues pour se revendre à Orange.

Principal actionnaire du groupe à hauteur de 23 % de son capital, l’Etat, qui ne veut pas risquer d’en perdre le contrôle, a refusé les conditions fixées par Martin Bouygues, tant en termes de valorisation que sur son poids dans la future gouvernance de l’opérateur historique. Martin Bouygues serait devenu le deuxième actionnaire. Les négociations ont aussi buté sur la nature des actifs cédés à Free.

Alors que le «Yalta» semblait quasi bouclé ces derniers jours, Xavier Niel aurait fait monter les enchères. Enfin, les incertitudes restaient très élevées concernant le feu vert des autorités de la concurrence pour le redécoupage du secteur. En exigeant des remèdes supplémentaires de manière à préserver une saine compétition dans le secteur, l’ensemble des protagonistes risquaient de se retrouver, dans quelques mois, à la case départ.