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Satire

Le Gorafi lance un crowdfunding pour se développer (et racheter Canal)

Le site satirique a lancé sur Ulule une campagne de financement participatif pour se développer, notamment dans la vidéo. Une façon de s'éloigner de Canal+, qui avait diffusé des pastilles dérivées du site.

Pablo Mira du Gorafi dans le Ce Soir Show diffusé sur Canal+. (DR)
Publié le 01/04/2016 à 18h08

Pas de blague pour le Gorafi le 1er avril. On s'était habitué à ce gimmick du site satirique français – ne pas sortir d'info bidon le jour où la concurrence est rude dans le domaine – mais cette année, le site ne s'est pas contenté de publier un texte aussi sérieux que déprimant : il a lancé une (vraie) campagne de financement participatif.

Hébergé sur Ulule, ce crowdfunding ouvert jusqu'à mi-mai vise à récolter a minima 25 000 euros, un objectif initial pour «renforcer [leur] indépendance». En l'occurrence celle de Gorafi News Network, une société par actions simplifiée (SAS) lancée en 2013. Si le double (50 000 euros) est atteint, l'équipe du Gorafi prévoit le «lancement d'une rédaction vidéo». On se souvient que le site avait été décliné au format TV dans le Grand Journal de Canal+ durant la saison 2014-2015.

Depuis, côté petit écran, le Gorafi a uniquement collaboré avec la chaîne cryptée pour l'émission Ce Soir Show de Thomas Thouroude – cf la vidéo ci-dessus qui égratignait sans ménagement Cyril Hanouna – diffusée dans l'indifférence générale durant les dernières fêtes de Noël. Le site satirique, qui a récolté près de 2 000 euros en 24 heures, devrait sans peine atteindre ce pallier et ainsi s'activer sur YouTube, plus adapté à leur cible que le site de Canal+.

A l'image des patrons du site, que nous avions rencontré en novembre à l'occasion de la sortie de leur dernier best-of en librairie, le projet de crowdfunding alterne sérieux et déconnade, avec une nette préférence pour la seconde option, notamment quand il est question de «nourrir les stagiaires» et «corrompre des élus, dans le but d'obtenir des parts de marchés et influer sur les décisions politiques».

Côté objectif, celui fixé à 100 000 € correspond ainsi à la «création de formats longs», mais également au «rachat de Canal+», et au «lancement d'un satellite personnel». Vincent Bolloré, le grand manitou interventionniste de Canal, n'est pas non plus épargné du côté des contreparties promises aux donateurs : le pack «industriel breton» correspondant à un don de 100 000 euros ou plus donnera au généreux mécène la «possibilité de licencier tous les auteurs et de passer le site en crypté» - une référence au destin des placardisés Guignols de l'Info. Soit la même émission que le Gorafi a contribué à (encore plus) ringardiser durant sa brève existence sur la chaîne du groupe Vivendi.