Affirmons-le d’emblée, France Télévisions est évidemment sous influences. Pas une seule, mais une multitude qui empêche le plus souvent une gestion sereine de l’entreprise. Un gouvernement - quelle que soit sa couleur - se plaindra toujours d’être maltraité par la télé publique. Alors difficile de ne pas voir dans la création d’une nouvelle chaîne d’info «d’Etat» la tentation d’aller concurrencer un autre type d’info en continu. Si cette pression s’exerce de manière insidieuse depuis que la nomination du patron du groupe de télévision publique est censée dépendre du CSA, celle liée aux copinages est beaucoup plus visible, de la nomination de certains conseillers proches de lobbys politiques divers jusqu’à la mise à l’antenne de France 5 d’une Claire Chazal, amie de Michel Field, patron de l’info de France Télés et cible de nombreuses critiques internes. Il y a aussi l’influence du public puisqu’il doit y avoir autant de directeurs de programmes de France 2 que de sélectionneurs de l’équipe de France de football. Et que le téléspectateur exigeant se plaint souvent des changements qu’il a réclamés.
Cette première crise majeure que traverse Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, qui semblait jusqu’ici renverser tous les obstacles et imposer sa méthode, montre qu’il est toujours aussi difficile de rénover le paquebot face à des syndicats et des salariés sur la défensive. Plus encore qu’une machine à fantasmes, la télé publique est avant tout le lieu de toutes les injonctions contradictoires.
Et la principale d’entre elles : pourquoi exiger de France Télévisions qu’il concurrence les télés privées, tout en lui demandant de préserver l’esprit du service public ?
C’est parce que France Télévisions est au cœur de toutes ces influences que sa feuille de route doit être claire et son indépendance totale.