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Libération

Lutte anticorruption : les entreprises ont autre chose à faire

publié le 18 avril 2016 à 20h31

La lutte contre la corruption ne fait pas partie des priorités des multinationales qui, selon une étude du cabinet d'avocats Hogan Lovells, estiment à 59 % qu'il vaut mieux prôner une culture dans laquelle les «bénéfices priment sur la prévention». Pis, 44 % d'entre elles n'inscrivent pas cette préoccupation à l'ordre du jour de leur conseil d'administration. Publiée ce lundi, cette étude a été menée auprès de plus de 600 directeurs juridiques et responsables de la conformité. 57 % affirment que certaines parties de l'activité de leur entreprise échappent à leur contrôle.

Une grosse moitié des personnes interrogées (53 %) déclarent que certaines procédures empêcheraient leurs collaborateurs «d'accomplir leur travail» correctement. La même proportion y voit une source de complications susceptibles d'entraver les activités de l'entreprise. C'est avant tout la peur de la concurrence qui dissuaderait les entreprises de mettre en place des dispositifs de lutte contre la corruption. 59 % assurent que leurs collaborateurs ont peur de perdre leur emploi s'ils n'atteignent pas leurs objectifs.

La France est loin d'être un modèle : plus de la moitié des responsables français interrogés (52 %) affirment que ce sujet n'est pas une priorité pour leur PDG. Au Royaume-Uni, ce chiffre descend à 45 % et à 28 % aux Etats-Unis. Fin 2014, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a d'ailleurs jugé la situation de la France «préoccupante». Peut-être est-ce là l'une des raisons qui ont poussé le ministre des Finances, Michel Sapin, à mettre sur pied sa loi de lutte contre la corruption.