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Libération

Pour en finir avec les emplois virtuels

Tous les start-upers surdiplômés ne rêvent pas de créer le prochain Uber ou AirBnB… Certains ont à cœur de réduire les inégalités.
publié le 8 mai 2016 à 18h21

Jérémy Lamri, 31 ans, appartient à cette génération d’entrepreneurs du numérique bardés de diplômes : licence de physique à Oxford, master en sciences à HEC et docteur en philosophie et sciences cognitives à l’université Paris-Descartes. Cet ancien analyste financier au Luxembourg a fondé la start-up Monkey tie, spécialisée dans le recrutement affinitaire. Son credo : le CV ne suffit pas pour recruter, il faut prendre en compte la personnalité des candidats.

Le trentenaire surdiplômé est aussi à l'origine du Lab RH, une association de loi 1901 à but non lucratif qui rassemble une centaine de start-up spécialisées dans le recrutement ou la formation, comme MyJobCompany, Kudoz, EasyRecrue, KeyCoopt ou encore Bayes Impact. Son but, sous le patronage du ministère du Travail, du secrétariat au Numérique et de Pôle Emploi : faciliter l'accès à l'emploi, dynamiser la croissance des entreprises et même, soyons fous, «favoriser le bonheur au travail».

«Nous voulons démocratiser les outils numériques, devenus indispensables pour réussir dans sa vie professionnelle. Exemple : deux entreprises sur trois utilisent des tests de personnalité. Il faut que tout le monde maîtrise ce genre de codes», estime le cofondateur du Lab RH. Sa start-up Monkey tie est engagée dans un projet d'aide aux chômeurs de longue durée dans les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, en partenariat avec le Medef local. Ces candidats peu ou pas diplômés passent des tests de personnalité afin de révéler leurs points forts. «Quelqu'un d'extraverti, qui aime animer des groupes et maîtrise l'usage de la parole sera orienté vers un poste de commercial», explique Jérémy Lamri. Les sociétés participantes s'engagent à embaucher en CDI les personnes ainsi identifiées par le biais de leur personnalité. Le Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) est dans la boucle pour délivrer les formations et c'est la région Ile-de-France qui assure le financement de l'opération.

Monkey tie a aussi conclu un partenariat avec le groupe SOS, une entreprise sociale d'insertion de 14 000 salariés et 350 établissements. «La plupart de nos start-up ont été créées par des diplômés très éloignés de la réalité vécue par beaucoup de gens, et leurs solutions sont souvent trop compliquées. Cette collaboration avec le groupe SOS les aide à adapter leurs innovations aux publics non qualifiés», se félicite le jeune entrepreneur, persuadé que le «numérique peut devenir un levier massif d'aide à l'insertion». A condition que les DRH (directions des ressources humaines) s'emparent de ces nouveaux outils, et que la fracture numérique soit réduite.

Un défi relevé par les start-up du Lab RH, comme BimBamJob d’Aurélie Pichard et Irène Soulages, deux ex-HEC qui ont décidé de mettre leurs compétences au service de l’insertion professionnelle des publics démunis face à la recherche d’emploi, plutôt que d’inventer la dernière appli à la mode.