Banana Bomba en a fait les uniques indicateurs de sa bio. Elle informe avoir été recommandée par @benoithamon, être mentionnée par @segoleneroyal @bayrou, être suivie par @fhollande et @keenvofficiel. Et «Manu Payet a liké puis déliké son tweet».
Sur Twitter, certains utilisateurs ne se définissent pas par ce qu'ils sont mais plutôt par comment les autres les perçoivent. Thérèse, inscrite depuis février 2012 a 64 abonnés et «ose croire que les vraies valeurs existent encore». Mais surtout, elle est «suivie par @NicolasSarkozy». Comme elle, selon un décompte sur moz.com, 1 300 comptes affichent dans leur biographie sur Twitter qu'ils sont suivis par un autre. Et près de 200 sont fiers d'être bloqués.
Décrit par un journaliste américain comme «la pire chose à avoir sur sa biographie Twitter», dire par qui on est suivi permet plusieurs choses. Pour les militants, ça permet de justifier du sérieux de son entreprise. C'est une preuve de fidélité. Être suivi par Nicolas Sarkozy, pour un militant des Républicains, ça en impose. Et qu'importe que l'ancien président suive 16 000 autres personnes.
Pour d’autres, ça permet de montrer le poids qu’on a acquis. C'est un argument d'autorité. Être un compte de fan de Louis de Funès suivi par Jamel Debbouze ou Thomas Dutronc, c’est bien la preuve que ce qu’on dit vaut le coup.
Pour les fans, c’est la récompense ultime. Shéridan, «fanzouze», se targue d’être suivi par trois comptes célèbres. Manon se souvient de la date précise du jour où Keen’V l’a suivie.
Mais s'il est un indicateur qui définit un compte mieux que les autres, c'est de préciser qui l'a bloqué. Pierre s'enorgueillit d'être «bloqué par @EstherBenbassa, @RokhayaDiallo, par @bougnoulosophe, par @SouidSihem et par @CecileDuflot». tquitoioh est empli de bonheur d'être bloqué par le tandem Morano / Le Pen. Ils sont une vingtaine à afficher fièrement être bloqué par la candidate à la primaire, qui a semble-t-il le blocage facile. Et que dire du compte cyclisme-dopage.com qui se déclaré bloqué par Alberto Contador ou Chris Froome, et qui a même réuni ces trophées sur une seule page.
Alain Losier le disait dans son livre Comment donner vie à ses rêves : «Il ne faut pas se laisser définir par les autres.» «Porter l'étiquette qu'on vous colle peut générer des tempêtes émotionelles dans votre cerveau !», précise-t-il. Que penser alors de ces milliers d'utilisateurs de Twitter ?