La capitalisation boursière cumulée d’Apple et de la maison mère de Google, Alphabet, s’approche de 1 000 milliards d’euros. Oui, 1 000 000 000 000. Vertigineux. A titre de comparaison, l’effort de l’Etat français en faveur du budget de l’Education nationale pour 2016 s’est soldé par un coup de pouce de 500 millions d’euros. Le nombre de questions qui découlent de ce grand écart est tout aussi vertigineux.
Pourquoi la France, et l’Europe, en dehors de quelques pépites scandinaves, ne sont-elles pas invitées à jouer dans cette cour XXXL ? Une dose de naïveté et de culture, d’abord. Un retard à l’allumage des Etats ensuite : si elles ont su créer des outils géniaux dont on ne sait plus se passer, les Google, Amazon, Facebook et autres Uber ont su se glisser avec maestria entre les réglementations et la lenteur des prises de décisions politiques, vendant une révolution libératrice, pacifique, pour le bien de tous.
Que vont faire ces entreprises de cet argent ? A peu près ce qu’elles veulent. Plus puissantes financièrement que les BP ou Exxon, dont on a longtemps dit qu’elles façonnaient le monde en tenant la main des gouvernements, les Apple et Amazon sont, comme les entreprises pétrolières en leur temps, en train de détruire/construire un monde sans limites avec notre complicité bienveillante. Faudra-t-il un jour découvrir que le numérique a la même odeur que le pétrole d’antan ou aurons-nous mis en place avant les nécessaires contre-pouvoirs ou les alternatives ?