Comme dans une salle de classe, le stand de Génération robots, au salon Innorobo qui se tient à Saint-Denis jusqu'à jeudi, aligne les ordinateurs et petits tabourets. Sur les étagères en bois, pas de livres. Seulement des robots ludo-éducatifs. Créée à Bordeaux en 2008, l'entreprise en propose aux établissements scolaires, de l'école élémentaire à l'enseignement supérieur. Sur la table, Thymio, sur roues, clignote de toutes les couleurs. «Il permet une initiation à la programmation dès le CP», affirme Jérome Laplace, fondateur de Génération robots. En effectuant une démonstration sur l'ordinateur, il assigne rapidement une couleur à une direction pour orienter Thymio, en coulissant des icônes. En se déplacant vers la droite, le robot sera vert. A gauche, il deviendra bleu. «Au début, les enfants jouent simplement avec pour le découvrir. Ensuite, les professeurs peuvent s'aider de nos fiches afin d'imaginer des exercices autour des robots, détaille-t-il. Par exemple, pour apprendre à se repérer dans l'espace, les enfants peuvent programmer le robot pour lui faire suivre une ligne dans un circuit ou sortir d'un labyrinthe.»
De l'autre côté de l'allée, Olivier Mico, responsable des produits chez Easytis, fait s'agiter une abeille roulante sur un tapis représentant une ferme. Sur le dos de l'abeille, quelques boutons permettent de programmer un trajet. «Direction les salades», s'amuse-t-il. Utilisé en maternelle, ce robot-jouet permet aux enfants «d'anticiper le mouvement». Une vieille abeille en bois ne ferait-elle pas l'affaire? «Avec un jouet en bois, l'enfant va juste le prendre pour le déposer à l'endroit désiré. En jouant avec un robot, il y a plusieurs étapes de raisonnement. D'abord, il imagine le trajet, puis il le programme et, enfin, il vérifie s'il ne s'est pas trompé», développe Olivier Mico.
Une abeille roulante pour apprendre à coder en maternelle chez @Easytis_ @Innorobo #innorobo2016 pic.twitter.com/RcD7xMh9xf
— Anaïs Cherif (@Anais_Cherif) May 24, 2016
Capter l’attention des élèves
Si les exercices proposés par ces entreprises pourraient être réalisés sans robot, les professeurs s'en servent pour capter l'attention des élèves. «C'est un prétexte, ce n'est pas une fin en soi, admet Jérôme Laplace. On propose un outil pédagogique parmi d'autres.» Comparé à des méthodes traditionnelles, ces objets permettent aux «enfants qui ont des problèmes de concentration d'être plus attentifs». Il poursuit : «Par exemple, lorsque les enfants apprennent à lire ou à écrire, ce n'est plus seulement un crayon et une feuille. On a un robot avec un trou au centre pour insérer un crayon. Les enfants peuvent le programmer pour tracer les lettres de l'alphabet et être actifs.»
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A quelques mètres, un robot avec des bras télécommandés joue du xylophone. Depuis un an et demi, Cogibot collabore avec une vingtaine d'établissements scolaires en région parisienne, de la maternelle au lycée. Après cette phase d'expérimentation, la société envisage de s'implanter dans toute la France à partir de la rentrée 2016. «Nous travaillons beaucoup en zone d'éducation prioritaire, comme à Argenteuil. La découverte de ces robots en classe permet d'intéresser au cours des élèves qui, parfois, peuvent décrocher. Le côté ludique est un facteur de motivation pour eux», assure Adrien Payet, directeur du développement chez Cogibot.
L'entreprise propose des kits pour que les élèves construisent eux-mêmes leur robot avant d'apprendre à le programmer. Adrien Payet continue : «L'assemblage est guidé par des plans. Les professeurs intégrent des notions de mathématiques ou de physique» pour rendre un peu plus concret ces matières abstraites. Et alterner les notions théoriques et pratiques. «Avec les robots, les élèves peuvent voir leurs réalisations et développer leur imagination. Ils ne sont plus seulement derrière un écran d'ordinateur, avec des écritures et des chiffres», commente-t-il. La durée de ces projets ponctuels varie selon le niveau d'étude, «de trois mois en primaire à quatre mois en CFA, avec trois heures par semaine». Proposé en primaire de manière facultative depuis la rentrée 2015, l'apprentissage du code et du langage informatique est dans l'air du temps. «Depuis 2011, on remarque une accélération de la demande. Cela va devenir rare de trouver une école où il n'y aura pas un robot qui traîne dans les couloirs», s'avance Jérôme Laplace.
Des robots éducatifs pour "motiver" les élèves chez @COGIBOT @Innorobo #innorobo2016 pic.twitter.com/JfjeLHCNQ6
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Coder à la maison
Sur le stand d'UBTech, un robot-chien est inanimé. Semblable à un Lego, avec ses 675 pièces et ses 16 moteurs, «les enfants peuvent le monter à partir de 8 ans, aidé par les parents», déclare Adrien Briatta, chef de produit robot chez UBTech. Ces produits, entre 199 et 399 euros, peuvent permettre aux enfants d'apprendre à la maison «la base de la programmation» à partir d'une application, sur smartphone ou ordinateur. «Des actions sont prédéfinies, comme hocher la tête ou bouger la patte, détaille Adrien Briatta. Les enfants peuvent les combiner et en créer de nouvelles.»
Un jouet à 500 €. "Pour les grands enfants" @Innorobo #Ubtech pic.twitter.com/CpX2XbqAnR
— Anaïs Cherif (@Anais_Cherif) May 24, 2016
A ses côtés, deux robots humanoïdes synchronisés (499 euros pièce) dansent sur le stand d'UBTech (voir photo ci-dessus). «Pour les grands enfants, un peu geek», il permet d'apprendre à programmer des fonctions plus complexes. «Il est possible de rejouer des scènes de films, en programmant les mouvements joués par les acteurs à partir d'un ordinateur, développe-t-il. L'utilisateur peut aussi enregistrer sa voix pour recréer les dialogues.»
Photos Laurent Troude pour Libération