L'application d'alerte SAIP, lancée le 8 juin par le ministère de l'Intérieur, n'a pas été déclenchée lors du double meurtre de Magnanville (Yvelines) perpétré par Larossi Abballa au nom de l'Etat islamique. On ne sait pas combien de personnes dans ce secteur du département ont installé l'application, déjà téléchargée plusieurs centaines de milliers de fois, mais leur écran n'est pas devenu rouge et aucune instruction ne s'est affichée. Moins d'une semaine après la mise à disposition de ce système d'information aux populations en cas d'attentat, le choix de ne pas l'utiliser peut sembler surprenant. Le déclenchement de SAIP est une prérogative du préfet, or ce dernier a considéré que la situation ne le justifiait pas, le terroriste étant encerclé par les forces d'intervention. «Durant la soirée, il s'agissait avant tout d'un forcené retranché dans une zone qui a été très rapidement bouclée, explique-t-on au ministère de l'Intérieur. Il n'y avait pas d'impératif de communication, et il n'y avait pas spécialement de conseil de prévention à faire parvenir à la population. Si Larossi Abballa n'avait pas été dans une maison sous contrôle et qu'il avait été dans la nature, le système aurait bien sûr été déclenché.» S'ajoute à ces éléments le fait que la qualification terroriste de ce double meurtre n'est arrivée que plus tard. Pendant la soirée, même si les autorités le suspectaient fortement, il n'y avait aucune certitude. Le ministère assure que les protocoles d'activation de SAIP sont bien en place, et si elle avait existé le 13 Novembre, «elle aurait été déclenchée très rapidement».
Le fait est aussi que, dans l'état actuel de son développement, SAIP a surtout été lancée pour réagir à d'éventuelles attaques visant l'organisation de l'Euro 2016. A Beauvau, on évoque «des optimisations qui devraient arriver dans les semaines qui viennent», pour que l'application puisse remplir son objectif annoncé : informer les utilisateurs «d'événements exceptionnels menaçant la sécurité civile» (attentats, mais aussi catastrophes naturelles, accidents, etc.). «Un tel système d'information n'est efficace que s'il est utilisé de manière réfléchie, insiste-t-on au ministère, quand la situation l'impose vraiment». Il faudra donc attendre pour pouvoir juger de l'efficacité de SAIP, alors que des voix s'élèvent déjà pour contester le choix technologique d'une application pour smartphone alors que d'autres solutions, définies par des standards internationaux, existaient déjà.