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Terrorisme

Pourquoi l'alerte attentat est restée silencieuse lundi soir à Magnanville

Mis en place il y a une semaine ce système d'information des populations en cas d'attentat n'a pas été activé par la Préfecture. Le ministère de l'Intérieur explique la situation ne le justifiait pas, Larossi Abballa étant encerclé par la police.
L'application "alerte attentat sur un smartphone, le 8 juin 2016 (Photo BERTRAND GUAY. AFP)
publié le 15 juin 2016 à 13h00

L'application d'alerte SAIP, lancée le 8 juin par le ministère de l'Intérieur, n'a pas été déclenchée lors du double meurtre de Magnanville perpétré par Larossi Abballa au nom de l'Etat islamique. On ne sait pas combien de personnes, dans ce secteur des Yvelines, ont installé l'application, déjà téléchargée plusieurs centaines de milliers de fois, mais leur écran n'est pas devenu rouge et aucune instruction ne s'est affichée. Moins d'une semaine après la mise à disposition de ce système d'information aux populations en cas d'attentat, le choix de ne pas l'utiliser peut sembler surprenant.

Le déclenchement de SAIP est une prérogative du préfet, or ce dernier a considéré que la situation ne le justifiait pas, le terroriste étant encerclé par les forces d'intervention. «Durant la soirée, il s'agissait avant tout d'un forcené retranché dans une zone qui a été très rapidement bouclée, explique-t-on au ministère de l'Intérieur. Il n'y avait pas d'impératif de communication, et il n'y avait pas spécialement de conseil de prévention à faire parvenir à la population. Si Larossi Abballa n'avait pas été dans une maison sous contrôle et qu'il avait été dans la nature, le système aurait bien sûr été déclenché.» S'ajoute à ces éléments le fait que la qualification terroriste de ce double meurtre n'est arrivée que plus tard. Pendant la soirée, même si on le suspectait fortement du côté des autorités, il n'y avait aucune certitude. On l'assure du côté du ministère, les protocoles de d'activation de SAIP sont bien en place, et si elle avait existé le 13 Novembre, «elle aurait été déclenchée très rapidement».

«Optimisations» à venir

Le fait est aussi que, dans l'état actuel de son développement, SAIP a surtout été lancée pour réagir à d'éventuelles attaques visant l'organisation de l'Euro 2016 en France. Place Beauvau, on évoque «des optimisations qui devraient arriver dans les semaines qui viennent», pour que l'application puisse remplir son objectif annoncé : informer les utilisateurs «d'événements exceptionnels menaçant la sécurité civile» (attentats, bien sûr, mais aussi catastrophes naturelles, accidents, etc.). Mais, insiste-t-on au ministère, «un tel système d'information n'est efficace que s'il est utilisé de manière réfléchie, quand la situation l'impose vraiment». Il faudra donc attendre pour pouvoir juger de l'efficacité de SAIP, alors que des voix s'élèvent déjà pour contester le choix technologique d'une application pour smartphone alors que d'autres solutions, définies par des standards internationaux, existaient déjà.