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Bouffe

Garden party agroécologique chez Stéphane Le Foll

Le ministre de l’Agriculture a organisé dans les jardins du ministère une nuit consacrée à l’agroécologie. Etudiants, scientifiques et agriculteurs ont débattu des perspectives du développement durable dans le secteur.
Stéphane Le Foll, à la sortie du conseil des ministres en septembre 2014 (Photo Laurent Troude pour Libération)
par Léa Brunet
publié le 26 juin 2016 à 15h52

Pelouse fraîchement tondue, éclairage tamisé, petits fours, la soirée organisée en fin de semaine dans les jardins du ministère de l’Agriculture avait tout d’une garden party branchée. Dans les conversations en revanche, le ton n’est pas vraiment badin : étudiants, agriculteurs et militants associatifs ont débattu studieusement des perspectives d’avenir qu’offre le secteur encore émergent de l’agroécologie, une marotte du ministre Stéphane Le Foll. Dans son discours, ce dernier a insisté sur l’importance d’organiser une transition vers des systèmes agricoles conjuguant durabilité et productivité.

Planter des arbres

Un des ateliers, présentait par exemple les bienfaits de l'agroforesterie. Un mode d'exploitation des terres agricoles associant des plantations d'arbres dans des cultures ou des pâturages. Julien Bedu, agriculteur nivernais, dissertait avec passion sur ce nouveau mode de production. «Il faut que l'agriculteur prenne conscience que les arbres sont un atout pour sa production, et pas nécessairement synonyme de perte de revenus», a-t-il expliqué. Planter plus d'arbres sur des productions agricoles peut permettre de générer des revenus supplémentaires, en cultivant des arbres fruitiers par exemple, mais aussi d'atténuer des événements extrêmes par la création de microclimats. L'agriculteur promeut également le système agroforestier pour redonner leur beauté perdue aux paysages de la campagne. Quand on lui demande comment il est venu à ce mode de production, Julien Bedu répond que ce sont avant tout les problématiques climatiques qui l'ont amené à envisager l'agroforesterie : «J'ai lu un livre sur le sujet et puis à un moment j'ai arrêté de réfléchir et je me suis lancé.» L'agriculteur nivernais est un pionnier, puisque selon l'Inra, l'Institut national de recherche agricole, seuls 45 000 agriculteurs français sont agroforestiers.

Préserver la diversité des sols

De l'autre côté du jardin, des vers de terre se déplacent lentement dans de petits terrariums. L'Observatoire participatif des vers de terre étudie le rôle de ces invertébrés gluants dans les sols des jardins bretons. Vêtus de polos rouge, les étudiants de l'université de Rennes expliquent le résultat de leur enquête. «Les vers de terre jouent un important rôle dans la dégradation et le recyclage des litières et de tout résidu organique disponible dans le sol ou à sa surface. Ils créent des réseaux de galeries qui assurent un transfert et un stockage du carbone dans les sols ou de l'eau.»

Un peu plus loin, Benoît Lavier, président de l'Association pour la promotion d'une agriculture durable, confirme qu'il est nécessaire de préserver la diversité des sols. Selon lui, «couvrir en permanence les terres et traiter le moins possible voire pas du tout» permetteront aux sols français, en grande majorité dégradés, de retrouver une plus grande activité biologique.

Mieux nourrir les hommes et les animaux

«On a tous le droit de bien manger», s'exclame Pierre Weill, coprésident de Bleu-blanc-cœur. Cette association constituée de chercheurs et d'éleveurs milite pour une meilleure alimentation des animaux, et un plus grand respect de l'environnement dans le secteur agricole. «Ce n'est pas moi qui fait les lois», lancera avec malice le président de l'association au chef de l'Etat, qui a fait une discrète apparition au milieu du public dans la soirée avant de s'éclipser. Les actions de Bleu-blanc-cœur s'appuient essentiellement sur les études scientifiques et zootechniques publiées dans la presse internationale. Pierre Weill explique ainsi que «si les animaux sont mieux nourris, leur viande n'en sera que meilleure». Si la démarche est louable, elle ne semble prendre en compte le bien-être animal qu'à partir du moment où celui-ci est bénéfique pour l'homme. L'antispécisme prôné par Aymeric Caron ne semble pas vraiment au cœur des préoccupations des adhérents de Bleu-blanc-coeur. De quoi contrarier les vegans.