Davantage de photos et de statuts venus de la famille ou des amis, et moins d'actualités. Facebook entend (re)faire d'ici les prochains jours de son fil d'actualité un espace qui «connecte les gens». Lars Backstrom, directeur de l'ingénierie du site, a expliqué mercredi dans un communiqué publié sur le réseau social avoir «entendu les utilisateurs», qui, selon lui, seraient «inquiets de rater les nouvelles importantes de ceux auxquels ils tiennent». Il faut dire que les statuts de ces derniers se retrouvent parfois noyés sous un flot d'articles de presse et de vidéos anecdotiques, éloignant Facebook de son rôle initial de plateforme sociale. La quantité de contenus concernant les proches aurait ainsi baissé de 21 % entre 2014 et 2015.
Des photos de bébés avant le «New York Times»
Ne seront désormais en tête de la timeline que des articles sélectionnés, commentés ou likés par nos relations. Au grand dam de certains médias… Le New York Times par exemple, un poil condescendant, regrette que Facebook fasse passer des «photos de bébé» avant ses articles. Le quotidien américain dénonce par ailleurs les «bricolages constants» du réseau social avec ses algorithmes, dont le dernier, qui ne date que de deux mois, allait plutôt dans le sens des médias. Facebook promettait alors d'offrir davantage de visibilité aux longs formats, jusqu'alors peu partagés sur la toile. Outre ces articles, Facebook avait multiplié les contrats avec les journaux. Le New York Times, par exemple, était rémunéré pour lui fournir des vidéos live exclusives. Le réseau social était même allé jusqu'à embaucher ses propres journalistes. «Pendant des années, lit-on encore dans le New York Times, Facebook a courtisé les éditeurs de toute taille, leur demandant d'accepter de dépendre de plus en plus de lui pour accroître leurs audiences. Maintenant, Facebook a un nouveau message pour les éditeurs : tempérez vos attentes.»
Quel impact sur les médias ?
Lars Backstrom estime ainsi que certaines pages, celles des médias en premier lieu, devront s'attendre à voir leur trafic venant du site aux 1,65 milliard d'utilisateurs baisser dans les semaines à venir. Un coup dur pour les médias traditionnels, mais aussi, et surtout, pour les nouveaux entrants qui ont fait des contenus viraux leur marque de fabrique. Leur dépendance aux réseaux sociaux en est d'autant plus grande. Alors que le New York Times n'attire, d'après Similar Web, que 14,18 % de son audience par les réseaux sociaux, d'autres généreraient grâce à eux la moitié de leur trafic. C'est le cas de Buzzfeed et Vice par exemple. Plus encore que les vues, ce sont leurs revenus publicitaires qui pourraient souffrir. On en revient encore une fois au problème récurrent de l'économie numérique où de nombreux acteurs construisent leur modèle économique sur des mécanismes sur lesquels ils n'ont aucun contrôle. Et les algorithmes de Facebook sont encore plus opaques que le référencement de Google.
Le New York Times, lui, est bien décidé à ne pas se laisser faire. Sur son site, on peut ainsi accéder à un tutoriel en images, qui explique aux lecteurs comment continuer à voir les news qu'ils aiment sur leur fil d'actualité. L'exemple est bien entendu donné avec leur propre site, le NYT étant persuadé que les lecteurs «aimeraient vraiment continuer à le lire». Au risque de rater la photo du bébé de sa meilleure pote.