Menu
Libération
recherche

Firefox, version Qwantique

Seulement trois ans d’existence et déjà un partenariat solide avec Mozilla : Qwant, le moteur de recherche français, entend bien concurrencer les leaders du marché.

(D'après la photo d'Arturo Martinez, CC BY)
Publié le 05/07/2016 à 17h34

Au moment d'annoncer son partenariat conclu avec Mozilla, Qwant n'a pas boudé son plaisir. Il remplacera désormais Google au rang de moteur de recherche par défaut sur l'une des versions de Firefox, avec, en prime, l'ajout optionnel d'un petit bouton dans la barre d'outils de ce dernier. Il permettra d'accéder directement à certaines fonctions développées par Qwant comme les favoris, le réglage des paramètres, ou l'activation de la protection contre le pistage. Une nouvelle qui, pour l'entreprise «made in France» créée en 2013, a comme un délicieux goût de revanche.

Du mauvais départ aux 22 millions d’utilisateurs

Il faut dire qu’à ses débuts, personne n’y croyait vraiment. Lancé dans la précipitation après seulement deux ans de réflexion, Qwant était alors accusé de piocher dans les résultats d’autres moteurs de recherche. Un mauvais départ qui a finalement eu le mérite d’attirer toute l’attention des médias et des internautes qui, quelques améliorations plus tard, semblent s’être finalement laissés séduire par les promesses de la firme tricolore. Si Qwant est encore bien loin des résultats pharaoniques du géant de Mountain View (qui détiendrait plus de 90% des parts de marché de l'Hexagone, contre environ 1% pour Qwant), elle revendique aujourd’hui pas moins de 22 millions d’utilisateurs mensuels, alors qu’elle n’en comptait que 7 millions en octobre 2015. Grâce à son argumentaire très axé sur la protection des données privées de ses utilisateurs, le moteur de recherche, qui n’utilise ni filtres ni cookies de traçage, a même tapé dans l’œil dans la banque européenne d’investissement. Celle-ci a déboursé 25 millions d’euros pour aider Qwant à se développer.

«Dégoogliser internet»

L'accord avec Mozilla pourrait bien donner un nouveau coup d'accélérateur à sa croissance… Au plus grand plaisir des militants en faveur de la «dégooglisation» d'internet. Depuis quelques années déjà, Google fait l'objet de critiques sur plusieurs fronts. A commencer par la manière dont il léserait les comparateurs de prix rivaux de son onglet «shopping». En avril 2015, puis à nouveau en 2016, la Commission européenne a lancé une série d'enquêtes antitrust, soupçonnant le leader des moteurs de recherche «d'abus de position dominante». Selon l'autorité de la concurrence au niveau européen, il reléguerait de manière systématique ses concurrents en bas de la page de recherche. Google aurait également attribué des clauses d'exclusivité à ses partenaires publicitaires.

L'association Framasoft estime, elle, que Google met en danger les «vies numériques» des internautes. Sous l'image explicite d'un village gaulois résistant à l'oppresseur, elle énumère les risques pour la vie privée, ou ceux engendrés par la centralisation des différents acteurs du net (Google détenant notamment YouTube) qui accroîtrait la dépendance et briderait l'innovation. Surtout, l'association souligne les pratiques d'«espionnage» du moteur de recherche. Dissimulées derrière le prétexte d'une «meilleure expérience client», ces récoltes de données contribueraient à faire de Google une «cage dorée, certes, mais une cage malgré tout».

Des alternatives en dehors de l'UE

Qwant pourrait bien tenter de tirer profit de ces doutes naissants. Hors de l’UE, des internautes ont d'ailleurs déjà sauté le pas. Le tchèque Seznam détiendrait par exemple environ 21,4% des parts de marché au niveau national. En Russie, le local Yandex culmine lui à près de 40%.