Après l'Inde, le Japon, cent dix-huit heures de vol pour traverser l'océan Pacifique, quelques bouts de chemin aux Etats-Unis conclus par un tour au-dessus de la statue de la Liberté illuminée, André Borschberg s'en est mis plein les mirettes une dernière fois en survolant les pyramides d'Egypte. Et le pilote suisse ne s'en lasse pas. «Toujours émerveillé» par son spectaculaire tour du monde, il s'est dit «nostalgique mais ému» quand il a tweeté cette photo, mercredi matin. L'avion Solar Impulse 2, qu'il a conçu avec Bertrand Piccard, a ainsi bouclé sa seizième et avant-dernière étape «avec le Soleil pour seul carburant» en atterrissant au Caire. Le trajet s'est déroulé sans encombre mais l'avion solaire était surveillé de près par son équipe d'ingénieurs, car après quarante-huit heures de vol non-stop depuis le décollage à Séville, en Espagne, ses batteries sont passées sous la barre des 30 % pour la première fois en plus d'un an. Depuis son départ en mars 2015, Solar Impulse a déjà parcouru 40 348 kilomètres.
L'Egypte est un point d'étape qui tient particulièrement au cœur de Bertrand Piccard car c'est là qu'il avait atterri en 1999 à bord du Breitling Orbiter III, réussissant le premier tour du monde sans escale en ballon. Il se souvient être arrivé, très anxieux, «avec moins de 1 % des réserves de propane» à brûler pour garder le ballon gonflé : «C'est là que j'ai décidé de repartir pour un tour du monde, mais cette fois sans carburant.»
Piccard va bientôt reprendre les manettes de Solar Impulse, qui ne peut accueillir qu'un seul pilote à la fois, pour la dernière étape reliant Le Caire à Abou Dhabi. A bord, pas question de laisser trop longtemps la conduite sans surveillance : le temps de sommeil est divisé en micro-siestes de vingt minutes, réparties tout au long de la journée.
Avant de conclure l'aventure, l'avion aux 17 000 cellules photovoltaïques va prendre quelques jours de pause en Egypte où, comme d'habitude, son équipe multipliera les rencontres et accueillera le public, des étudiants et des «décideurs» pour faire passer son message : «Montrer que l'énergie propre peut accomplir des défis impossibles» et que «tout le monde peut utiliser les technologies de notre avion pour réduire de moitié la consommation énergétique mondiale, préserver les ressources naturelles et améliorer notre qualité de vie».