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Astronomie

Première lumière pour le télescope MeerKAT en Afrique du Sud

Le précurseur d'un futur télescope géant qui s'étalera sur deux continents a dévoilé sa première image produite avec 16 antennes : 1 300 galaxies dans un petit recoin du ciel. Les astronomes se réjouissent de sa qualité.
La première image du radiotélescope MeerKAT, et quelques zooms. A droite, deux vues de galaxies très distantes avec un trou noir massif en leur centre. (Photo MeerKAT/SKA South Africa )
publié le 17 juillet 2016 à 15h41

Le radiotélescope sud-africain MeerKAT est loin d'être prêt, mais il éblouit déjà les astronomes : ses premières antennes paraboliques ont permis de produire samedi une image très détaillée d'un petit recoin de l'univers. «Dans une zone du ciel ne dépassant pas 0,01 % de la sphère céleste, la première image de MeerKAT montre plus de 1 300 galaxies dans l'univers distant, alors qu'on n'en connaissait que 70 jusqu'à aujourd'hui», annonce fièrement l'observatoire, qui voit déjà dans MeerKAT «le meilleur radiotélescope de son genre dans l'hémisphère Sud». Chez les astronomes, on appelle «premières lumières» ces émouvantes inaugurations, le moment où un télescope flambant neuf ouvre les yeux et reçoit ses premiers photons venus du ciel. Ce week-end, c'était la première lumière de MeerKAT avec 16 antennes coordonnées.

Plus la portion du ciel observée par un télescope est petite, et plus il est susceptible d'y voir des galaxies faiblement lumineuses, car très éloignées de notre Voie lactée. Or, les galaxies les plus éloignées sont aussi celles dont la lumière met le plus de temps à nous parvenir… et donc les plus anciennes que l'on connaisse. Avec un télescope très précis comme Hubble, qui observe depuis l'orbite terrestre, on peut ainsi voir des instantanés de galaxies telles qu'elles étaient il y a 10 ou 12 milliards d'années. Le record actuel est de 13,4 milliards d'années.

Implanté dans le désert du Karoo, en Afrique du Sud, le projet MeerKAT est lancé depuis une dizaine d'années. 16 de ses antennes paraboliques sont déjà opérationnelles, chacune d'un diamètre de 13,5 mètres avec son refroidisseur et ses systèmes électroniques. D'ici la fin 2017, ce seront 64 antennes qui pourront observer le ciel et travailler de concert. Le radiotélescope sera alors officiellement terminé, et le savoir-faire accumulé permettra d'enclencher l'étape suivante : intégrer MeerKAT à un ensemble colossal d'antennes réparties sur deux continents, le Square Kilometre Array (SKA)… qui a l'ambition de devenir le radiotélescope le plus sensible au monde.

A partir de 2018, on ajoutera 133 nouvelles antennes aux 64 existantes de MeerKAT, soit un total de 197 antennes. Le tout formera SKA1 MID, la branche africaine du Square Kilometre Array. Mais c’est à peine un échantillon… Car en Australie et en Nouvelle-Zélande, ce sont pas moins de 130 000 antennes qui formeront l’autre branche, SKA1 LOW, sur 419 000 mètres carrés. Plus la surface de réception des ondes est étendue, et plus le télescope est sensible.

D’ici 2023, le Square Kilometre Array devrait produire cinq à fois plus de données que le trafic internet mondial actuel. Il sera alors temps de lancer la phase 2, pour multiplier encore par dix la surface de collecte…

En attendant, il s'agit donc d'expérimenter, de tester les premières antennes autant que possible avant de les déployer par dizaines de milliers. La première image de MeerKAT semble dépasser les espoirs de son équipe scientifique : elle est «bien meilleure que ce qu'on attendait», a commenté le chef du projet, Fernando Camilo.

Dix Etats sont membres du projet SKA : l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Chine, l’Inde, l’Italie, Malte, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.