Avez-vous une idée de l’impact de l’attentat de Nice sur l’hôtellerie ?
Le cabinet MGK a mené une étude rapide auprès des hôteliers niçois. Sur la journée de vendredi dernier, il y a eu un taux d'annulation des réservations d'environ 5%. Samedi, nous sommes montés à 10% et dimanche nous étions plus près de 15%, voire au-delà. Depuis, les annulations se sont stabilisées. Le phénomène a surtout eu lieu vendredi et ce week-end. Cependant, les hôteliers restent préoccupés, même si aujourd'hui ils sont beaucoup plus dans la compassion que dans l'étude de leur exploitation et de leur rémunération. Pour Paris, nous n'avons pas encore de chiffres. C'est également beaucoup trop tôt pour avoir des estimations sur la fin de la saison.
Nice avait déjà enregistré des baisses de fréquentation liées aux attentats de Paris. Est-ce que la situation est plus préoccupante aujourd’hui ?
C’est plutôt moins important que pour les attentats de Paris. Cela dit, nous n’avions pas pu avoir un aperçu des conséquences avant une quinzaine de jours. Il y a eu une décrue permanente pendant tout le premier semestre de l’année 2016, hormis pour le mois de juin. L’hôtellerie parisienne a subi des baisses d’activité qui vont de moins 15% pour les établissements d’une à deux étoiles à moins 25% ou encore moins 30% quand on monte en catégorie dans l’hôtellerie.
En juin, avec l’Euro, l’activité était-elle en passe d’être relancée sur le territoire ?
L'Euro a en tout cas permis à Paris de rééquilibrer les choses. Le mois de juin 2016 a été identique à celui de 2015 en termes d'activité et de fréquentation. Dans les villes organisatrices de matchs et notamment dans les villes françaises qui sont des destinations favorisées par les touristes comme Nice, Paris et Bordeaux, la fréquentation a été boostée par l'Euro.
Nice est la deuxième destination du tourisme en France. Quelles sont les craintes des hôteliers niçois ?
Ce qui est le plus à craindre, c'est l'immobilisme. D'abord, de la part des hôteliers : il faut qu'ils se prennent en main et fassent circuler – à travers tous les moyens de communication, de promotion et de commercialisation de leurs établissements – une image positive. Il ne faut pas laisser croire que Nice est devenue une ville en état de guerre ou de siège. Par ailleurs, nous nous attelons à dynamiser les deux cellules de crise économique créées à l'issue des attentats de Paris, l'une à Bercy, l'autre au quai d'Orsay. Nous souhaitons qu'une réunion rapide soit organisée pour prendre au moins les mêmes que pour les attentats de Paris.
En quoi consistent ces mesures ?
C'était essentiellement des mesures de promotion à l'étranger, audio, parlées, lues, qui présentaient la France sous un aspect sécuritaire. La France n'est pas un pays où l'on a peur de se promener en journée ou le soir. Donc nous souhaitons que toutes ces mesures soient initiées aussi pour Nice et sa région. Nous désirons également remettre en place tout le dispositif financier en prévision des difficultés des entreprises : étalements de charges, d'impôts, des aides spécifiques apportées par la profession au travers de notre prévoyance santé et du fonds d'action sociale… Cela permettait d'apporter une aide à nos adhérents et surtout à leurs salariés. Les hôteliers niçois restent confiants à condition qu'on les aide et qu'on en fasse autant pour eux que ce qu'on a fait à Paris.