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Libération
Tout est possible

Morandini, non mais hallu quoi !

Accusé par «les Inrocks» d’avoir organisé des castings scabreux pour sa boîte de production, l’animateur s’est dit mardi victime d’un chantage de Marc-Olivier Fogiel. Ce dernier y voit une diversion et va porter plainte pour diffamation.
Jean-Marc Morandini le 19 juillet, lors d'une conférence de presse à Paris pour s'expliquer sur l'affaire des «castings douteux». (Photo Geoffroy Van Der Hasselt. AFP)
publié le 19 juillet 2016 à 21h21

Quand Jean-Marc Morandini balance, c'est sur le mode «règlements de compte à OK Médialand». Au cours d'une conférence de presse écourtée de la traditionnelle séance de questions-réponses, l'animateur «corse» atteint dans son «honneur» a violemment contre-attaqué mardi après-midi en désignant Marc-Olivier Fogiel comme le «maître-chanteur» à l'origine de la tempête médiatique dans laquelle il se débat depuis une semaine. Une dizaine de minutes d'authentique trash-TV, que l'on pouvait suivre en direct sur différents comptes Periscope et qu'il était bien difficile de distinguer de certains programmes que l'animateur commente quotidiennement sur l'antenne d'Europe 1. Un Dallas déjanté, version porn-TV.

Accusé dans les Inrocks de la semaine dernière d'avoir organisé des castings scabreux, «JMM» s'est livré à un grand déballage surréaliste en se présentant comme la victime d'un «assassinat public» impliquant à la fois Marc-Olivier Fogiel et son «ex-amant», Matthieu Delormeau, dixit Morandini, chargé de l'exécuter sur Twitter. Exclamations dans la salle. L'ancien animateur de Tout est possible a aussi mis en cause les Inrocks et son actionnaire, Mathieu Pigasse, dans ce complot supposé. «Je suis victime depuis deux mois d'un chantage d'une personnalité connue de la télé. Pour faire simple : j'arrêtais de parler de ses mauvaises audiences ou il faisait sortir dans la presse des saloperies sur moi», a d'abord déclaré Jean-Marc Morandini. Ce n'était que l'Acte I, avant que l'animateur ne révèle publiquement le nom de Fogiel, «ce Monsieur qui nous fait constamment de grandes leçons de déontologie», tout en brandissant des feuilles censées contenir les preuves de cette odieuse machination.

Tournage. «Je n'ai jamais forcé quiconque à avoir une relation sexuelle avec moi, s'est également dédouané Jean-Marc Morandini, je n'ai jamais couché avec un mineur.» Il a toutefois convenu qu'il y avait eu des «maladresses» comme lorsqu'il a évoqué la présence d'un mineur de 17 ans et quelques mois sur l'un des tournages des Faucons, la websérie qu'il produit et qui met en scène la vie de footballeurs dénudés dans un vestiaire. Mais il avait une «autorisation écrite de ses parents», a ajouté l'animateur, et sa mère était, elle aussi, présente le jour du tournage. Une version différente de celle des Inrocks, qui écrit dans son enquête, sur la foi d'un témoignage d'un membre de l'équipe technique, qu'il n'avait aucune autorisation ce jour-là. Jean-Marc Morandini n'a pas commenté en revanche les nouvelles révélations des Inrocks à paraître ce mercredi, selon lesquelles un ado âgé de 15 ans à l'époque des faits avait reçu des «propositions» de l'animateur.

Ce dernier a assuré qu'il porterait plainte contre Marc-Olivier Fogiel, Matthieu Delormeau, le jeune acteur porno gay Chris Bieber, les Inrocks et l'auteur de l'article qui a tout déclenché, Fanny Marlier. De son côté, Thierry Vallat, l'avocat des acteurs de la websérie, assure que ces derniers porteront plainte pour harcèlement sexuel et travail dissimulé. Si les faits sont avérés, Morandini risque au moins trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende… Une peine alourdie, en raison de circonstances aggravantes, comme l'abus d'autorité d'un producteur sur ses employés, ou l'âge de certains plaignants. Thierry Vallat dit par ailleurs toujours attendre avec «la plus grande impatience» les explications de Morandini, notamment sur la mystérieuse «Catherine Leclerc», la pseudo-directrice de casting utilisée dans les mails par différents membres de l'équipe pour organiser les castings de la série. Jonathan Louis, qui a participé au tournage de trois épisodes, a lui aussi porté plainte. Son avocat, Laurent Cailloux-Meurice, a engagé des poursuites judiciaires pour le comédien et au moins une autre personne, selon les Inrocks. Il pourrait réclamer des dommages et intérêts au titre du harcèlement sexuel et de l'impact psychologique subi par chacune des victimes.

«Minable». De son côté, l'animateur Marc-Olivier Fogiel a annoncé qu'il allait lui aussi porter plainte pour «dénonciation calomnieuse» et «diffamation» contre Jean-Marc Morandini. «C'est une tentative de diversion classique et pathétique, un écran de fumée minable», a-t-il jugé, se disant «serein et calme». Au site BuzzFeed, Fogiel précise : «Cela fait dix ans qu'il me cherche sur son blog, si j'avais eu la moindre chose sur lui, je l'aurai déjà balancé.»

Malgré les remerciements pour leur soutien que Morandini a adressés à ses employeurs, selon le Parisien, il ne devrait pas faire sa rentrée sur Europe 1. La direction de la station du groupe Lagardère aurait pris la décision de suspendre sa collaboration avec l'animateur qui anime la tranche de 9 heures à 12 heures.