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Fail

Dernière livraison pour Take Eat Easy

Après trois ans d’existence et une belle croissance, clap de fin pour la start-up spécialisée dans la livraison de repas à domicile qui aurait eu les yeux plus gros que le ventre.
Un repas transporté par un livreur Take Eat Easy. (Photo Emmanuel Pierrot pour «Libération»)
publié le 26 juillet 2016 à 15h29

Tout avait commencé à Bruxelles en septembre 2013. A l’époque, quatre amis d’enfance, amoureux de «bonne bouffe» et de technologie, se lancent dans l’aventure de la création d’entreprise. Leur ambition : développer un service de livraison de repas à domicile, à vélo. Le tout, grâce à des algorithmes, des expéditions automatisées, et une flotte de livreurs indépendants géolocalisés. Surnommé le «Uber» des gourmands, la petite entreprise avait vite fait parler d’elle, avec deux levées de fonds conséquentes en 2015, de 6 millions puis 10 millions d’euros.

Les chiffres étaient également plutôt encourageants : cette année, la croissance de l’activité flirtait les 30% mensuels. Le cap du million de commandes venait tout juste d’être franchi la semaine passée, et les restaurateurs faisant appel au service de livraison à domicile de la start-up se laissaient peu à peu séduire. De 450 au départ, ils étaient passés à 3 200 selon les dernières indications. Le nombre de clients avait été multiplié par 10, de 30 000 à 350 000 inscrits. Fort de ce succès, Take Eat Easy avait conquis l’Europe entière, ouvrant des succursales dans plus de 20 villes au total dont Paris, Londres, Berlin ou Madrid.

Bec dans l'eau

Seulement, l’avenir s’est peu à peu assombri pour Take Eat Easy. D’abord, parce que la concurrence est arrivée sur le marché, avec de jeunes pousses comme Tok Tok Tok, Deliveroo, ou encore Foodora. Ensuite, parce que le service n’est jamais devenu rentable…

Pour remédier à ces difficultés, la start-up avait misé sur une nouvelle levée de fonds. Mais contrairement aux précédentes, celle-ci n’a pas fonctionné comme elle aurait dû. L’équipe s’est alors tournée vers un groupe de logistique qui appartiendrait à l’Etat français. A nouveau, sans succès : après le rejet par l'avocat de ce dernier du plan d’investissement de 30 millions d’euros, Take Eat Easy, qui négociait un contrat d’exclusivité (et n’avait donc «pas de plan B») s’est trouvé le bec dans l’eau et a été placé en redressement judiciaire, comme l'a annoncé l'entreprise ce mardi.

«Au revoir»

Dans une lettre postée ce mardi sur Internet et sobrement baptisée «Les mots juste pour vous dire au revoir», Chloé Roose, cofondatrice, partage la fierté de l'équipe «d'avoir été au centre de cette révolution». «Nous […] avons adoré pouvoir vous livrer les meilleurs restaurants de France, ajoute-t-elle à destination de l'Hexagone, pleine de nostalgie. Nous avons mis toute notre énergie et notre amour dans cette aventure.»

D'après le journal belge le Soir, des investisseurs français ou allemands seraient déjà prêts à racheter la firme. Le concurrent français Foodora et la filiale GeoPost du groupe La Poste regarderaient notamment le dossier.