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Libération
Décryptage

SFR veut réduire d’un tiers ses effectifs sur fond de guerre des prix

publié le 28 juillet 2016 à 20h21

«SFR est en sureffectif» : il y a un peu plus d'un mois, le patron d'Altice, Patrick Drahi (par ailleurs propriétaire de Libération), n'avait pas tourné autour du pot pour préparer les 14 300 salariés du deuxième opérateur télécoms français à une sérieuse réduction de voilure. Mardi, une première estimation de la coupe envisagée dans les effectifs est tombée. Selon le Monde, la DRH du groupe, Florence Chauvet, a indiqué aux partenaires sociaux que la direction de SFR avait «pour cible un effectif de 9 000 personnes à la fin de 2017». Ce qui équivaudrait à supprimer au moins 5 000 postes… soit un tiers des effectifs.

Machines à laver. Pourquoi cette échéance ? Parce qu'au moment du rachat de SFR par sa filiale Numéricable en 2014, Patrick Drahi s'était engagé à maintenir l'emploi jusqu'au 30 juin 2017, soit zéro licenciement pendant trois ans. A un an du couperet, le PDG d'Altice a donc lui-même mis le sujet sur la table le 21 juin : «On est dans une situation où les gens savent que la garantie s'arrête dans un an. C'est un peu comme chez Darty quand vous avez une garantie de trois ans. Au bout de trois ans, la machine à laver tombe en panne, on fait comment ? On paie. Ils savent qu'on est en sureffectif.»

Depuis deux ans, près de 1 200 salariés ont démissionné de l'entreprise, hors plan social. Et faute d'investir pour recruter des clients, SFR en a perdu plus d'un million entre le premier trimestre 2015 et celui de 2016, tombant à 17 millions d'abonnés. On saura le 9 août si l'opérateur, qui a relancé des offres promotionnelles, a réussi à endiguer cette hémorragie commerciale sur fond de guerre des tarifs sans merci.Pour les syndicats de SFR, il s'agit maintenant de «limiter la casse» en essayant de conserver le maximum de postes et surtout d'obtenir un plan de départs volontaires. SFR n'est pas seule à couper sa masse salariale: Orange ne remplace pas 5000 postes par an et Bouygues a fait partir 2000 salariés.

Première visée. Pour l'heure, la direction de SFR, qui ne commente pas ce chiffre de 5 000 suppressions de postes, se refuse encore à parler de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Direction et syndicats se voient déjà depuis plusieurs mois pour parler de la réorganisation de SFR Distribution (4 000 salariés pour 750 magasins) en deux réseaux - SFR Business (entreprises) et SFR Distribution (grand public) - avec harmonisation des statuts et «disparition de certains doublons». C'est cette activité qui devrait être la première visée. Mais, le siège, les fonctions supports… tout le monde est potentiellement concerné. «SFR doit continuer de se moderniser et redevenir une entreprise innovante de référence, agile et digitale», plaide encore la direction.

Et de mettre en avant la nouvelle stratégie de «convergence» lancée par Altice et qui passe notamment par la diffusion de contenus aux abonnés, comme la nouvelle offre SFR Presse incluant notamment Libération et l'Express. Mais sur le plan des effectifs, rien ne se fera donc avant un an. D'ici là, «on privilégie le dialogue social», indique encore la direction. Une nouvelle réunion avec les partenaires sociaux était prévue jeudi.