Simplifier la structure
Le PDG de SFR, Michel Combes, a justifié cette opération au nom d'une nécessaire simplification tout en défendant longuement la stratégie de SFR axée sur la convergence et les contenus mis en place ces derniers mois. «Il s'agit, a-t-il expliqué, de simplifier la structure capitalistique d'Altice et de renforcer la flexibilité de son organisation. Le périmètre a beaucoup évolué ces derniers temps et un nouveau groupe est né.» La France ne représente plus que 40% de l'activité du groupe contre 70% auparavant.
Un changement intervenu depuis le rachat en 2015 de deux câblo-opérateurs outre-Atlantique – Suddenlink Communications et Cablevision – qui a fait d'Altice le quatrième acteur de ce marché où il se trouve être le seul opérateur européen présent. Michel Combes fait valoir que cette intégration complète de SFR au sein d'Altice devrait être bénéfique à ses actionnaires grâce à la diversification du groupe sur des marchés en plus forte croissance (le marché américain) dont le potentiel commence à peine à être exploité. De quoi améliorer la liquidité de leur placement dans un groupe dont les activités dans l'Internet fixe, plus rentables et stables, sont devenues plus prépondérantes que les activités mobiles. «Cela va également de permettre de réduire les coûts de reporting financier», expliquait en marge de la conférence un analyste financier.
Présent dans huit pays, dont le Portugal et Israël également, Altice revendique aujourd’hui un portefeuille de 50 millions de clients pour un chiffre d’affaires de 24 milliards d’euros l’an dernier. C’est également un groupe très endetté, à hauteur de plus de 50 milliards d’euros, mais qui ne devra pas cette fois sortir de cash pour acheter le reliquat de SFR vu que l’opération va se faire par échange d’actions.
Un triptyque accès-contenus-monétisation publicitaire
Prolixe comme à son habitude, Michel Combes a profité de l'occasion pour détailler la feuille de route de SFR en distillant quelques nouveautés. Alors que son chiffre d'affaires a reculé de 4,3% au deuxième trimestre avec une perte de 43 millions d'euros, l'opérateur mise sur le triptyque «accès, contenus et monétisation des audiences» pour se distinguer dans un marché très concurrentiel. «Altice était un empilement d'actifs, il devient maintenant un groupe industriel avec des choix stratégiques très clairs», a martelé Michel Combes.
Après s'être étoffé dans la télévision avec le lancement d'un bouquet de chaînes à destination de ses abonnés (six sportives avec en exclusivité les matchs du championnat anglais et un BFM Paris à venir) et la presse avec le portail SFR Presse riche d'une quarantaine de titres (dont Libération), Altice a annoncé la création prochaine d'un studio de création de cinéma et de séries confiée à Nora Melhli, qui a dirigé la fiction de la société de production Shine France (News Corp, du groupe Murdoch). Une nouvelle entité baptisée «Altice Channel Factory», société de fabrication de chaînes à destination des différents pays où Altice est présent, va également voir le jour en s'appuyant sur l'expertise du groupe NextRadioTV d'Alain Weill dont Altice a acquis 50%. «La valorisation de ces contenus incluant désormais une brique "entertainment"», a encore expliqué Michel Combes selon lequel Altice doit devenir «le Apple des télécoms en matière de distribution de contenus doublé d'un Amazon pour la relation client».
Last but not least, Michel Combes a redit miser sur la monétisation de ces contenus et de l'audience via la publicité et la revente de données. Altice va centraliser dans une unique structure ses 300 analystes chargés de les exploiter. «Les opérateurs télécom ont les moyens de devenir les nouveaux Gafa, a conclut le toujours optimiste Michel Combes, et ceux qui réussiront à tirer parti de cette convergence de l'accès, des contenus et de la monétisation des audiences l'emporteront.»