Menu
Libération
Astronomie

Osiris-Rex sur les traces de la vie

Une sonde décollera ce soir de Floride pour atteindre dans deux ans l'astéroïde Bénou, y prélever un échantillon de poussière et le ramener sur Terre. Sa composition pourrait nous en apprendre plus sur l'apparition de la vie.
Vue d'artiste de la sonde Osiris-Rex. (Image NASA/GSFC)
publié le 8 septembre 2016 à 17h21

Mission échantillon : dans la nuit de jeudi à vendredi, à 1h05 du matin heure française (1), la Nasa fera décoller depuis Cap Canaveral (en Floride) une fusée emportant la sonde Osiris-Rex – de son vrai nom Origins-Spectral Interpretation-Resource Identification-Security-Regolith Explorer. Un peu comme Rosetta et Philae sont allées explorer la comète «Tchouri», Osiris-Rex s'intéressera à un autre type d'astre méconnu qui pullule pourtant dans notre système solaire : les astéroïdes.

Après un an à tourner autour du Soleil pour prendre de l’élan, un survol de la Terre pour l’

et de long mois de voyage, la sonde s’installera en orbite autour de l’astéroïde

en août 2018. Le nom de ce caillou de l’espace a été choisi sur concours par un enfant américain, en référence à

. Osiris-Rex commencera alors à photographier Bénou (le meilleur cliché dont on dispose pour l’instant est une bouillie de pixels), le cartographier, faire quelques analyses géologiques et thermiques… Il se pourrait même que les instruments de la sonde repèrent quelques panaches de poussière qu’on n’aurait pas vus de loin, des émissions de matière comme on voit sur les comètes. Car plus on étudie ces petits corps, et plus la frontière entre les comètes et les astéroïdes se brouille.

Et en 2020, la mission prendra un tournant inédit : selon les résultats des analyses préliminaires, l'équipe choisira un lieu particulièrement intéressant pour y prélever un échantillon de régolite, cette couche de poussière qui recouvre certains astres comme la Lune. Vers le mois de juillet, Osiris-Rex déploiera donc un long bras mécanique pour toucher la surface de l'astéroïde durant cinq secondes, soufflera un peu de gaz pour faire voler la poussière et l'aspirera. On devrait ainsi récupérer entre 60 grammes et 2 kilos de matière, qu'il ne restera plus qu'à rapporter sur Terre pour l'étudier en laboratoire. Le temps de bien synchroniser sa trajectoire avec l'orbite de la Terre, on n'attend pas la sonde avant 2023.

Sous l'œil des microscopes, on trouvera peut-être dans le régolite des traces de composés organiques, comme des acides aminés, qui se sont formés très tôt dans l'histoire du système solaire et sont des ingrédients nécessaires à l'apparition de la vie. Bénou pourrait ainsi aider à comprendre comment elle est arrivée sur Terre il y a quelques milliards d'années. Ce mercredi, justement, une étude publiée dans Nature vient de dévoiler que des macromolécules organiques ont été identifiées dans les poussières éjectées par la comète Tchouri, grâce aux analyses de Rosetta. Ces molécules contiennent plus d'hydrogène que la matière des météorites, explique l'astrochimiste Nicolas Fray, «ce qui laisse penser qu'elle serait plus primitive. Elle aurait été mieux préservée dans les comètes que la forme présente dans les météorites qui a été chauffée et transformée. La matière organique dans les grains cométaires résulterait donc de processus présents lors de la formation du système solaire.»

(1) Ou plus tard si les conditions ne sont pas favorables : le décollage peut être reporté jusqu'à un mois.