A l’usine Alstom de Belfort, affirme le groupe, pas de licenciements. Les 450 salariés dont l’emploi va disparaître se verront proposer des postes dans d’autres sites, dont l’usine de Reichshoffen (Bas-Rhin).
A première vue, cela peut ressembler à un bon deal car à l’échelle mondiale, qui est celle de cette entreprise, Reichshoffen, par rapport à Belfort, c’est la porte à côté. Mais les dirigeants d’Alstom, qui peuvent consulter ViaMichelin comme tout le monde, savent aussi qu’entre les deux, il y a 200 kilomètres tout rond. Et que cette distance fait ressembler le reclassement proposé à un marché de dupes. Cela ne va pas être évident dans cette entreprise où nombre de salariés frisent la cinquantaine, ont souvent femmes et enfants et peut-être toute leur famille sur place. Car dans une usine qui a vu le jour en 1872, il est probable que la main-d’œuvre locale ait pris racine.
Dans ce contexte-là, il va falloir un sacré talent de conviction à l’employeur pour parvenir à vendre aux intéressés cette mobilité forcée comme une magnifique opportunité de carrière. Dans la vraie vie, bouger n’est pas toujours si simple. Quid de l’emploi du conjoint ? Alstom va s’en occuper ? Et quid du réseau familial et amical dont nombre d’études ont montré qu’il jouait un solide rôle d’amortisseur social ? On vous le fournit à l’arrivée ? Avec cette promesse de relocalisation des salariés à 200 kilomètres de chez eux, Alstom sait bien ce qu’il va se passer : nombre de salariés ne pourront pas accepter et quitteront la société. Sur un simple plan matériel, concret, pratique, ils n’auront pas le choix.
Tout ce que l’on peut maintenant leur souhaiter, c’est que leur soit épargné le couplet qui leur reprocherait d’être allergiques à la mobilité.