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Libération

Cinq propositions sur la table

François Hollande s’est engagé à apporter les commandes suffisantes pour sauver les emplois du site belfortain.
Entrée de l'usine Alstom et de l'usine General Electric (GE) à gauche, le 29 avril 2014. (Photo Pascal Bastien pour Libération)
publié le 13 septembre 2016 à 20h21

Dix jours. C'est le délai que s'est donné le gouvernement par la voix du secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue, pour apporter «des réponses» aux salariés de l'usine Alstom de Belfort menacée de quasi-fermeture. Reçus à Bercy mardi en début d'après-midi, leurs syndicats disent «avoir été écoutés» tandis que le PDG d'Alstom évoquait des «marges de manœuvres» possibles. Une tonalité radicalement différente de l'ambiance de bras de fer qui prévalait encore quelques heures plus tôt et qui s'explique par les premières pistes concrètes avancées par Alain Vidalies pour regarnir le carnet de commandes du site de Belfort vide à partir de la mi-2018. Répondant à l'injonction présidentielle de «trouver des commandes» pour la plus vieille usine de locomotives en France, le secrétaire d'Etat aux Transports, qui a rencontré lundi les dirigeants de la SNCF et de la RATP, est monté au créneau pour sauver Belfort, déclinant quelques heures plus tard cinq projets pour éviter l'arrêt de la production. Il s'agit de combler le «trou» auquel va être confronté l'usine d'ici deux ans et ce jusqu'en 2021, date à laquelle ce site spécialisé dans les motrices pour TGV pourra basculer sur la fabrication du futur train à grande vitesse de la SNCF, le principal client d'Alstom.

«Locomotives». Premier levier de commande publique activé par l'Etat, celui de la SNCF avec lequel Alstom est en «négociation directe» pour le train devant assurer la liaison Paris-Turin-Milan. «Il y a des discussions sur le prix, c'est bien normal, on y travaille et j'espère que ça va aboutir», a déclaré Alain Vidalies. La RATP devrait aussi être mise à contribution «pour des petites machines, des locomotives, pour faire des travaux».Vidalies a aussi confirmé que l'Etat allait commander 30 rames à Alstom pour des trains régionaux et Intercités. Une commande destinée au groupe dans son ensemble, qui compte 12 sites en France, et pas uniquement à Belfort. «A partir du moment où on amène des commandes au groupe, on peut aussi discuter de la répartition de l'effort», dit Vidalies.

Le ministre met enfin en avant deux autres pistes. La première, sur laquelle l’Etat n’a pas la main, concerne la réponse de l’appel d’offres de 3,5 milliards d’euros lancé par le Syndicat des transports d’Ile-de-France pour les futurs RER et métros (Grand Paris). Une commande pour le moins incertaine puisque c’est l’espagnol CAF qui serait le mieux placé pour remporter ce contrat vital pour l’usine Alstom de Valenciennes, qui a répondu à l’appel d’offres en tandem avec le canadien Bombardier. Ce dernier dispose d’une grosse usine dans le Nord.

«Equilibre». Mais pour le ministre, qui envoie un «message» à la région capitale, «une partie, au moins pour "l'engineering", pourrait être affecté à Belfort». Un nouvel appel d'offres d'un milliard d'euros pour des trains «d'équilibre du territoire pour les lignes structurantes» sera enfin lancé en fin d'année : les spécifications en matière de vitesse (200 km/h) ont été calibrées pour permettre à Alstom de concourir. En orientant une partie de ces cinq commandes publiques - que certains qualifient dejà d'«artificielles» - vers le site de Belfort, le gouvernement veut croire que le site historique sera en mesure de remplir les années de trou d'air dans son carnet de commandes.