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Libération

Un plan d’épargne salariale radioactif

publié le 19 septembre 2016 à 19h11

Les ennuis se ramassent à la pelle pour Areva. Confirmant une info du Parisien, le groupe nucléaire a reconnu lundi que le parquet financier avait ouvert une enquête préliminaire visant Areva à la suite d'une plainte déposée par le syndicat CFE-CGC du groupe pour délit de «fausse information et tromperie». En cause, la communication de la direction, en 2013, pour inciter les employés à souscrire un plan d'épargne salariale en actions. Des centaines d'entre eux placent alors une partie de leurs économies dans ce qui est présenté comme un investissement de père de famille. La brochure intitulée «Toutes nos énergies en actions» vante notamment «des fondamentaux solides». Seulement voilà, en 2013, Areva s'apprête à annoncer une perte de 494 millions d'euros, due notamment au dérapage du chantier du réacteur EPR finlandais. Ce que la plupart de salariés ignorent… Le PDG de l'époque, Luc Oursel (décédé en décembre 2014), qui a succédé à Anne Lauvergeon fin 2011, vante pourtant dans la brochure «un fleuron de l'industrie». Le document présente le plan comme «une opportunité», évoque «le redressement» engagé en 2012 et promet «un cash-flow opérationnel anticipé à l'équilibre en 2013»… Seul un analyste financier peut s'y retrouver. Depuis, les salariés actionnaires ont perdu gros : le titre a cédé plus de la moitié de sa valeur. En 2015, ils ont appris, effarés, que le groupe était en quasi-faillite, avec une perte de près de 5 milliards d'euros. La suite confirmera leurs craintes, avec l'annonce de 3 650 suppressions de postes en France et d'un plan de sauvetage qui conduira au démantèlement du groupe. Trois cents salariés se sont joints à la plainte, estimant avoir été trompés. La direction d'Areva assure, elle, que l'entreprise s'est «toujours conformée aux obligations légales en termes de communication financière».