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Coup de com

Amazon drague les artisans locaux

Le géant américain du e-commerce a lancé, jeudi, sa place de marché réservée aux artisans locaux en France et en Europe. Objectif : se débarrasser de son image de supermarché numérique et partir à la conquête du marché du fait-main.
Un entrepôt Amazon à Paris, le 9 juin. (Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 22 septembre 2016 à 19h03
La liste des produits vendus par Amazon est longue. Des appareils photo aux livres, en passant par les peluches ou les chaises hautes, tout y passe. Pour beaucoup, le site de e-commerce est le paradis des produits fabriqués en Chine. Pourtant, plus de dix ans après sa création, il essaie de changer : il drague maintenant aussi les artisans locaux.

C'est pour cela qu'il lance aujourd'hui sa market place Amazon Handmade en France, et dans quatre autres pays (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni). Cette place de marché, déjà existante aux Etats-Unis, permet de mettre en contact plus de 1 000 artisans locaux originaires de 40 pays, et les acheteurs à la recherche de produits faits main.

Stratégie simple

En 2015, c’est d’ailleurs sur la promesse de permettre aux artisans de développer leur commerce à l’international qu’Amazon est parvenu à lever 267 millions de dollars (environ 237 millions d’euros au cours actuel). Avec ce service, «les artisans ont l’opportunité de développer leur activité, et pour nombre d’entre eux, ce sera l’occasion de faire de leur passion un métier», explique François Saugier, vice-président de Seller services Europe.
La société new-yorkaise mise sur une stratégie simple, déjà testée aux Etats-Unis où les ventes de produits artisanaux ont augmenté de 300 % en une année : privilégier l’histoire du produit en mettant en avant le profil des artisans. «Quand on sait qu’un article a été fait main et qu’il a une histoire qui lui est propre, cela lui confère une aura toute particulière et renforce encore le plaisir d’en faire l’acquisition», précise Patrick Labarre, directeur d’Amazon France.

Colliers «machouillables»

On trouve ainsi sur la plateforme Marion, une Lilloise de 30 ans qui vend ses décorations pour chambres d'enfants, après avoir eu «envie de créer des objets conçus spécialement pour Léonard», son fils : des patères en bois, en forme de cactus, des ardoises, des lampes-chat. Mais aussi l'architecte allemande Linda Müller, également créatrice de bracelets, de colliers en or ou en argent, ou encore la blogueuse parisienne MintyWendy qui propose ses colliers «machouillables» (par le bébé) lors de l'allaitement et du portage… Chacun raconte son histoire sur son profil vendeur, explique comment il a conçu et fabriqué ses produits.

Tous sont attirés par l’importante réserve de clients du géant américain. Contrairement aux autres sites, Amazon présente aussi l’avantage de disposer d’entrepôts pour stocker les produits et de s’occuper de la livraison, moyennant finances. L’entreprise se rémunérera en prélevant 12 % de commission sur les ventes.
En fait, Handmade d’Amazon rappelle furieusement l’américain Etsy et le français A Little Market, tant au niveau du concept que du design du site. Deux concurrents sérieux auxquels Amazon risque de se heurter puisque le français réunissait déjà plus de 100 000 vendeurs et 620 000 membres avant d’être racheté par Etsy, en 2014. Face à la concurrence, le géant du e-commerce américain va devoir réussir à convaincre qu’il peut vendre autre chose que de l’électronique chinois, pour devenir une référence du fait-main local.