C’est l’heure du renouveau pour les stations spatiales chinoises : alors que l’Empire du milieu a lancé la semaine dernière le deuxième module habitable de son histoire, Tiangong-2, un porte-parole a annoncé en conférence de presse que son grand frère Tiangong-1, mis à la retraite, va sans doute retomber sur Terre en 2017.
La conférence est racontée par le site Xinhuanet : après plusieurs années de bons et loyaux services depuis sa mise en orbite terrestre en 2011, Tiangong-1 a «totalement rempli sa mission historique» en accueillant notamment trois équipes d'astronautes pour les missions Shenzhou-8, Shenzhou-9 et Shenzhou-10, puis en continuant à effectuer des tâches scientifiques jusqu'en mars de cette année. La responsable chinoise du programme spatial habité, Wu Ping, a indiqué que la petite station (10 mètres sur 3 environ) se promène actuellement à 370 kilomètres d'altitude… Mais plus pour longtemps : d'ici le second semestre 2017, elle rerentrera dans l'atmosphère et «selon nos calculs et analyses, la plupart des pièces de la station vont brûler» dans leur chute.
«Perdu le contrôle»
Mais qu'en est-il des autres ? Les plus gros morceaux de cet engin de 8,5 tonnes ont une chance de survivre à l'entrée atmosphérique, et donc de toucher le sol en faisant des dégâts. Les autorités chinoises jugent «improbable» cette éventualité, mais certains observateurs du ciel sont plus inquiets. L'astrophysicien Jonathan McDowell, cité par le Guardian, et Thomas Dorman, qui surveille les satellites en amateur et s'est exprimé sur Space.com, pensent tous deux que la Chine a «perdu le contrôle» de son laboratoire spatial et attendra la dernière minute pour annoncer le risque de chutes de débris. T.S. Kelso, spécialiste américain d'astrodynamique, est plus confiant car l'altitude de Tiangong-1 semble stable.
Officiellement, on sait juste que la Chine «surveille» Tiangong-1 et que «si nécessaire, elle publiera à l'international un avertissement pour sa chute», comme l'a annoncé Wu Ping, rappelant par ailleurs que la Chine apporte beaucoup d'attention à la gestion de ses débris spatiaux. Mais si l'engin est effectivement non contrôlé et retombe «naturellement» au sol, il est quasiment impossible de prévoir à l'avance son lieu d'arrivée.
En attendant, Tiangong-2, jumeau de Tiangong-1, accueillera ses premiers astronautes mi-octobre pour la mission Shenzhou-11. Ils y étudieront notamment «l'adaptation du système cardiovasculaire lors des vols spatiaux habités» pour l'étude franco-chinoise Cardiospace. Dans les années 2020, la Chine lancera ensuite Tiangong-3, qui formera le premier module de la future grande station spatiale chinoise.