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Le crowdfunding ouvre boutique

Pas toujours facile de trouver les produits issus du financement participatif une fois financés. Pour y remédier, la plateforme Ulule ouvre son premier magasin physique à Paris, quelques jours avant que des stands éphémères Fundy ne poussent à Lyon.
La boutique parisienne d'Ulule, rue Saint-Paul. (Photo Ulule)
publié le 22 septembre 2016 à 16h28

Des livres, des chaussures en cuir, des sacs à main, un impressionnant punching-ball en cuir, des bijoux… A première vue, la boutique du 22, rue Saint-Paul, à Paris, ressemble à beaucoup de magasins branchés de la capitale. Pourtant, tous ces produits ont une particularité : ils ont été financés par des particuliers, via le site Ulule.

La boutique physique de la première plateforme de crowdfunding européenne ouvre aujourd'hui dans le quartier du Marais à Paris. Grande première française pour les sites de financement participatif, ce magasin sera l'occasion pour les porteurs de projet de présenter les articles qu'ils sont parvenus à créer grâce aux campagnes sur Internet. «Ce qui est super, c'est que ces objets ont une histoire, explique Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint du site. Ouvrir une boutique, c'était dans la continuité de nos idées. On a toujours pensé que notre activité ne s'arrêtait pas au financement. On devait articuler l'avant-projet, avec de la formation, des partenariats», poursuivre pendant la collecte et donner «de la visibilité aux objets après la campagne».

Si l'idée germait depuis un moment, c'est lorsqu'une marque de sport a quitté son magasin que les concepteurs du site ont sauté sur l'occasion de s'y installer. Mathieu Maire du Poset et Annika Schlüter ont tout préparé en quelques mois, durant l'été. «On a tout fait dans l'urgence», admet Mathieu Maire du Poset. Pour preuve : les livraisons arrivent encore dans la boutique. Et l'installation a eu lieu pendant la semaine précédant l'ouverture.

Peu de marge

Parmi les produits présents sur leurs étagères, certains sont issus de grosses campagnes, comme les jeans 1083 ou les chaussures Pied de biche. D’autres sont des projets de membres actifs de la communauté, comme le puzzle 3D de Romain, qui a lancé sa première campagne il y a quatre ans. Il y aura aussi quelques nouveaux nés comme Lunii, un jeu créateur d’histoires pour enfants.

«Le plus important pour nous, c'est de faire découvrir des produits qui ont réussi, et surtout de créer du lien. On espère que ça participera à construire notre communauté», explique Mathieu Maire du Poset. Chaque jeudi soir, Ulule organisera donc des événements pour regrouper voisins, curieux, et membres de la communauté. Un peu à la manière des soirées de lancement déjà organisées par les porteurs de projet, ou de leur rendez-vous annuel à la Bellevilloise. «On discute encore avec les voisins pour pouvoir utiliser la cour, derrière la boutique», sourit-il.

L'objectif n'est pas tant de faire de la marge sur les produits vendus dans la boutique que de les faire découvrir au public. «La marge que l'on prendra sera minime. Notre but, ce n'est pas de faire de l'argent», affirme-t-il. Ils n'auront d'ailleurs que peu de stock. Les clients intéressés seront redirigés vers les créateurs, pour des ventes directes.

«Pop-up stores»

Contrairement aux autres plateformes qui s'intéressent peu à la vente physique, Ulule mise tout sur la stratégie communautaire. Vendre des produits déjà financés, c'est aussi le projet de Mathilde Yagoubi, directrice associée de Fundy. «On entend parler de ces créations mais impossible de les trouver sur le marché physique.» C'est cette constatation qui l'a poussée à se lancer dans la création de pop-up stores, magasins éphémères. Ses premiers stands feront leur apparition à Lyon, le 26 septembre, en partenariat avec les Galeries Lafayette, dans le cadre de la Fashion Week. «A terme, en 2018, nous voulons internationaliser l'offre, travailler avec les Etats-Unis par exemple», détaille Mathilde Yagoubi. Elle est d'ailleurs en lien avec Indiegogo, la plateforme américaine concurrente de Kickstarter.

Si elle a décidé de se lancer, c'est parce qu'elle s'est rendu compte qu'il y avait une «forte demande pour observer le produit», en particulier quand il est encore au stade de prototype. Et parce que «après trois semaines de campagne, personne ne s'occupait de l'après-buzz. Les canaux de distribution traditionnels présentent beaucoup de difficultés pour les jeunes boîtes.»

Si la boutique Ulule compte n'accueillir que les produits financés par sa communauté, Fundy a vocation à présenter les créations de toutes les plateformes de financement participatif. Car, à l'inverse de Mathieu Maire du Poset, Mathilde Yagoubi souhaite «casser la barrière de la communauté crowdfunding».