Un bus sans pilote qui roule à toute petite vitesse sur un parcours réalisé le plus souvent à pied par de nombreux voyageurs… Voici la navette autonome de la RATP. D’ici la fin de l’année, la gare de Lyon à Paris sera reliée à celle d’Austerlitz, de l’autre côté de la Seine, via ce petit bus sans conducteur appelé «EZ 10». Douze passagers (six assis, six debout), 1,8 tonne, 25 km/h et une clochette pour signaler le départ.
Lasers
Le véhicule, de prime abord assez laid et massif, affiche une longueur de 3,9 mètres, une largeur de 1,9 mètre et une hauteur de 2,7 mètres. Petit et lent ?«Nous voulons tirer parti de toutes les innovations pour répondre à la mobilité durable», a expliqué la PDG de la RATP, Elisabeth Borne, lors de la présentation de l'EZ 10. Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme de la ville de Paris, a souligné combien les «grandes villes souffraient de la voiture» et de quelle manière il fallait «résoudre le problème du dernier kilomètre, et de la mobilité porte à porte».
Un millier de personnes effectuent le trajet entre les gares de Lyon et d'Austerlitz à pied à chaque heure de pointe. Avec ses douze places, EZ 10 est-il la réponse ? Gilbert Gagnaire, responsable de Easy Mile, la société qui construit les engins, rappelle que le «principe de ces véhicules est d'être utilisé en flottes». Le coût unitaire est de 200 000 euros, mais il est amené à baisser. Il faut huit à dix heures pour les recharger et ils disposent d'une autonomie de dix à quatorze heures. Concrètement, le véhicule dispose d'un système de lasers qui «regardent» tout autour et déclenchent le freinage et l'arrêt si un obstacle surgit. L'EZ 10 ne nécessite pas d'infrastructures particulières. Il fonctionne en suivant une ligne virtuelle cartographiée et enregistrée au préalable dans l'électronique du bus. «Ce sont encore des prototypes», souligne Gilbert Gagnaire. Sa société les exporte quand même dans d'autres pays et «sous tous les climats» : Dubaï, Oslo, Helsinki, Tokyo… Les premiers EZ 10 de série seront livrés en avril 2017. Ils doivent encore recevoir une meilleure ventilation et être abaissés grâce à de nouvelles portes et des faisceaux électriques différents. Trop hauts pour entrer dans des conteneurs, ces minibus sont pour l'instant expédiés par avion.
Ni volant ni pédales
La RATP travaille également à une expérimentation de desserte sur le site du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Saclay. Le projet, piloté par la RATP, associe le laboratoire de recherches du CEA, le bureau Veritas, une société d’ingénierie (Sherpa Engineering) et le BMCP (un bureau d’étude et de conseil spécialisé). Le tout est financé dans le cadre du Fonds unique interministériel destiné à soutenir la recherche appliquée.
De telles navettes autonomes existent déjà à Lyon depuis début septembre. Elles circulent sur un parcours de 1,3 kilomètre le long de la Saône, dans le quartier Confluence, et transportent de 100 à 150 voyageurs par jour. Elles contiennent jusqu'à quinze passagers et desservent cinq arrêts. A bord, ni volant ni pédales. Seulement des capteurs et des caméras, qui fonctionnent aussi grâce à des batteries électriques. Pendant sa phase d'expérimentation (un an), ce service est entièrement gratuit. «On sait qu'on est très regardés, note un responsable de Keolis, société de transport urbain de voyageurs, chargé de cette expérimentation. On l'améliore tous les jours, on l'ajuste, pour essayer de la rendre optimum.» Ce type de transport, selon Keolis, pourrait être dupliqué sur un campus ou dans un centre hospitalier.