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Libération
Au soutien

Agriculture : l'Etat dégaine un nouveau plan d'urgence

Pour répondre à la crise du secteur, l'Etat va garantir les prêts sollicités par les agriculteurs et éleveurs en difficulté. Les banques privées du secteur pourront ainsi débloquer jusqu'à 1,5 milliard d'euros à des taux très faibles.
Le Premier ministre Manuel Valls et Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, annonçant le plan d'aide aux agriculteurs en difficulté, le 4 octobre, à Paris. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 4 octobre 2016 à 14h12

«Il fallait des mesures fortes pour répondre à la situation d'urgence créée par la conjugaison d'accidents climatiques et de crise de marché. Aussi, pour éviter des dépôts de bilan massifs et permettre aux exploitants agricoles de passer ce cap.» Preuve que la situation des agriculteurs est difficile, c'est à l'hôtel de Matignon, dans la bouche de Manuel Valls, qu'un nouveau plan d'aide au secteur a été annoncé ce mardi matin, en présence du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, suite à une réunion avec les syndicats agricoles et les représentants des banques. Principale mesure annoncée par le Premier ministre : l'Etat va garantir la moitié des prêts sollicités aux agriculteurs en difficulté, afin de leur permettre d'emprunter à leurs banques. Le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel et BPCE pourront ainsi leur prêter jusqu'à 1,5 milliard d'euros à des conditions avantageuses.

Pourquoi l’Etat intervient-il (encore) auprès des agriculteurs ?

Les intempéries du printemps ont fait chuter la récolte céréalière française de 30% par rapport à 2015. Et les finances des producteurs restent en berne. Côté élevage, les producteurs laitiers n’ont de cesse, depuis l’arrêt des quotas, d’alerter sur leur situation. Au point que l’Etat avait promis un plan de soutien fin juillet. Notamment en matière de report de cotisations et de remboursements de prêts («l’année blanche»), mais aussi de refinancement bancaire. Le gouvernement avait déjà annoncé en juillet 2015 un premier plan de soutien à l'élevage en crise, renforcé par la suite, qui prévoyait 700 millions d'euros d'aides directes et indirectes, auxquels se sont ajoutés 63 millions vennant de l'Union européenne. Le nouveau plan gouvernemental cible entre 50 000 et 80 000 exploitants en difficulté, qui devraient bénéficier de la garantie publique pour emprunter… à condition de justifier une baisse de 20% de leur excédent brut d'exploitation (chiffre d'affaires moins les charges liées à la production).

Quelles sont les mesures annoncées ?

Manuel Valls a donc promis de garantir la moitié des emprunts des agriculteurs en difficulté, notamment les céréaliers mis à mal par les intempéries et les éleveurs toujours englués dans la crise des cours de la viande. Pour ce faire, l'Etat va se porter caution à hauteur de 50% des prêts, via la banque publique d'investissement BPIFrance. Le gouvernement va également «augmenter l'enveloppe attribuée aux aides à la reconversion professionnelle des agriculteurs et mettre en place avec la Sécurité sociale agricole (MSA) des possibilités de remplacement gratuit pour les exploitants victimes d'épuisement professionnel mais aussi davantage de retraites anticipées», a précisé Stéphane Le Foll. Autre mesure financière annoncée : les céréaliers pourront bénéficier d'un dégrèvement supplémentaire, sur les prairies, de leur taxe foncière.

Quel est le montant des aides promises ?

L'Etat ne peut pas tout, mais il entend rester un soutien solide du secteur agricole. C'est, en résumé, le message que Manuel Valls et Stéphane Le Foll ont voulu exprimer ce mardi. Illustration avec le fonds de garantie, dans lequel l'Etat va participer à hauteur de 50 à 100 millions d'euros, qui doit permettre de «débloquer 1,5 milliard d'euros de prêts des banques privées pour les agriculteurs en difficulté», selon Manuel Valls. Ces prêts, qui devront être demandés avant la fin de l'année auprès des principales banques du secteur (Crédit Agricole, Crédit Mutuel, BPCE) pourront «à la fois servir à obtenir de l'argent nouveau ou à refinancer la dette» d'emprunts en cours, a précisé le Premier ministre. Objectif : «Que les taux d'intérêt soient les plus bas quelle que soit la situation des agriculteurs», a indiqué Stéphane Le Foll. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, estime que ce mécanisme de garantie aux prêts permettra d'obtenir «des taux très faibles, inférieurs à 1%».

L’autre annonce concerne les aides sociales. Le gouvernement va réactiver les soutiens existant à la reconversion des agriculteurs qui souhaitent quitter leur activité à hauteur de 3 100 euros. L’enveloppe globale sera multipliée par dix pour atteindre 15 millions d’euros par an. En outre, des retraites progressives ou des cumuls emploi-retraite seront également soutenus.

Enfin, 4 millions d’euros ont été affectés pour financer le remplacement temporaire d’agriculteurs en situation d'épuisement professionnel par des collègues rémunérés par ce biais.