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Libération

«Taxe charbon» : le gouvernement fait machine arrière

publié le 21 octobre 2016 à 20h31

C'était une promesse ferme. Lors de la conférence environnementale d'avril, François Hollande annonçait que «la France s'engagera[it] unilatéralement à donner un prix plancher du carbone.» Ce prix plancher était supposé privilégier, «pour le secteur spécifique de l'électricité, l'utilisation du gaz par rapport au charbon». On apprenait au passage qu'il restait encore 5 centrales à charbon en France.

Or jeudi, lors de la discussion budgétaire à l'Assemblée nationale, le secrétaire d'Etat au Budget confirmait une info des Echos : la promesse est remise à plus tard. Conscient de l'«émoi considérable» causé par l'idée de taxer la production de ces centrales, il a expliqué avoir choisi d'étaler la mesure «dans le temps».

L'émoi ? En l'occurrence celui de la CGT et des régions d'implantation des centrales, qui représentent 5 000 emplois. Célia Gautier, porte-parole du Réseau Action Climat, explique que l'exécutif ne découvre rien : «Nous avions prévenu qu'il fallait accompagner cette mesure de manière active, avec un plan de transition professionnelle. Il fallait aussi que la mesure et le plan soient annoncés de façon concomitante.» Preuve que le sujet était délicat, l'idée de surtaxer l'électricité produite à partir des énergies fossiles avait déjà été ratatinée avec l'annonce de la limitation de la mesure aux seules centrales à charbon, excluant les centrales à gaz.

«Comment peut-on gérer la transition énergétique si l'on n'arrive pas à gérer la fermeture de 5 centrales à charbon ? demande désormais Célia Gautier. Permettre aux travailleurs de retrouver un emploi et les accompagner, cela fait partie de la transition.» Le débat budgétaire n'étant pas terminé, «il n'est peut-être pas trop tard, veut-elle croire. Mais ne pas maintenir les prix planchers serait un très mauvais signal avant la COP 22 [de novembre].»