On t'avait prévenu, Cyril (Hanouna). Des avertissements à la pelle, mais tu continues de n'en faire qu'à ta tête. Tant pis pour toi, tu vas passer devant le conseil de discipline. Et tu risques de prendre quelques jours d'exclusion… Le proviseur Schrameck – Olivier, de son prénom, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) – a ouvert ce mercredi la voie à une sanction à l'égard de Touche pas à mon poste, l'émission de C8. Motif ? Une séquence diffusée le 3 novembre, dans laquelle le chroniqueur Matthieu Delormeau était forcé d'endosser la responsabilité d'un homicide involontaire commis par Hanouna (on se pince en écrivant cela), a été jugée contraire au principe de «respect de la personne humaine» par l'autorité indépendante.
L'instruction du dossier va être confiée à un rapporteur indépendant, le conseiller d'Etat Régis Fraisse. Sur la base des conclusions de ce dernier, le CSA prononcera éventuellement une sanction, par exemple une amende, dans la limite de 3% du chiffre d'affaires de l'entreprise, ou une suspension de Touche pas à mon poste (TPMP). Cette décision, assez rare pour le CSA, a été rendue possible par le constat d'une récidive. L'autorité indépendante, où l'on exprime en privé son «ras-le-bol» vis-à-vis d'Hanouna, a déterré une vieille affaire pour justifier la saisine du Conseil d'Etat. En 2010, la chaîne du groupe Canal+, dont l'actionnaire de référence est Vincent Bolloré, avait fait l'objet, lorsqu'elle s'appelait encore Direct 8 mais était déjà détenue par le milliardaire, d'une mise en demeure pour non-respect de la personne humaine, dans le cadre d'une autre émission.
Nouilles dans le slip
Pour ne pas arranger le cas TPMP, l'ouverture de cette procédure de sanction s'accompagne de deux nouveaux avertissements adressés à C8. La chaîne écope d'une «mise en garde» pour une séquence diffusée le 27 septembre : «Le Conseil a considéré que l'agression verbale de l'animateur à l'encontre de l'un des chroniqueurs [Mathieu Delormeau, ndlr] constituait un manque de retenue dans la diffusion de telles images susceptible d'humilier les personnes.» Une autre séquence, diffusée le 14 octobre, lui vaut par ailleurs une mise en demeure : dans cette scène, le chroniqueur Jean-Michel Maire commettait une agression sexuelle en direct, embrassant la poitrine d'une jeune femme sans son consentement.
Ce n'est pas une première pour l'émission de Cyril Hanouna. Elle avait déjà fait l'objet d'une mise en demeure en septembre 2015, pour des propos tenus à l'encontre de trisomiques. Le CSA avait également fait les gros yeux après la célèbre affaire des nouilles dans le slip de Delormeau – encore et toujours lui.
«Nous ne sommes pas des gendarmes de l'humour, prévient-on au CSA. Mais il s'agit de protéger les publics contre les débordements dont l'émission a fait son ressort. Avec TPMP, on est sur des sujets de sexisme, de bizutage, de harcèlement, voire d'homophobie. Nous plantons des jalons pour que cela ne se reproduise pas.»
Dès mardi, la rumeur d'une possible sanction du CSA avait fait réagir le public de l'émission sur les réseaux sociaux. Un hashtag «Non à la suppression de TPMP», encouragé par Cyril Hanouna lui-même, avait ainsi émergé sur Twitter.
Merci mes amours pour #NonALaSuppressionDeTpmp ça me touche énormément ! Je vous aime fort ❤️❤️❤️ on en parle ce soir avec vous .
— Cyril Hanouna (@Cyrilhanouna) November 22, 2016