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Urbanisme

A Toulouse, le parking joue la carte du partage

Plus écologique, plus économique, le nouvel espace de stationnement de la Cartoucherie sera «mutualisé» entre les commerçants et les résidents. Un exemple qui vient d’Allemagne et qui pourrait se propager en France.
Ce type de système n'existait, jusqu'à maintenant, qu'à Grenoble. (Photo Cabinet Séquences. Toulouse. DR)
publié le 25 novembre 2016 à 10h32

Dans la tradition du «tout-bagnole», les villes françaises se sont longtemps dotées de parkings, jusqu'à l'overdose. Et s'il semble manquer des places, c'est… précisément parce que demeure le dogme du «tout-bagnole» ! La palette de choix est souvent large, entre les parkings souterrains, aériens, ou ceux bâtis au niveau du sol. Double ration, certains sont construits par les pouvoirs publics et d'autres déployés par le secteur privé. «Les promoteurs ne conçoivent pas de vendre des logements dépourvus de places de parking locatives (considérant d'ailleurs que tout client possède forcément une voiture). Suivant cette logique, le riverain se gare au pied de sa résidence et accède à son appartement par un ascenseur. Mais cette conception de la ville est certainement dépassée et nous proposons un autre modèle», explique à Libération Régis Godec, élu Europe Ecologie-les Verts de la «Ville rose» et fervent partisan du premier parking «mutualisé» de cette commune, qui a été inauguré mardi dernier dans le quartier de la Cartoucherie.

Ce parking aérien (les professionnels parlent de «parking-silo»), d'une capacité de 450 places, s'élève dans le futur écoquartier toulousain, qui accueille ses premiers occupants depuis cet automne sur le site de l'ancien Arsenal (Giat), au nord-ouest du centre-ville. L'astuce majeure, c'est que les places sont partagées entre les habitants, qui en ont besoin de retour du boulot, et les commerçants du coin, qui garent leur voiture en journée. C'est simple ? En effet. Mais, jusqu'alors, il semble qu'aucun équipement de ce genre n'existait en France, à l'exception de Grenoble.

Un système qui fait marcher

Embouteillage d'avantages pour ce parking nouvelle formule (inspiré de l'écoquartier allemand de Fribourg-en-Brisgau, puis imaginé dès 2008 par l'ancienne municipalité de Pierre Cohen, maire PS, et enfin inauguré par Jean-Luc Moudenc, l'actuel édile sous étiquette Les Républicains). Commençons par l'économie. «Les parkings souterrains coûtent une fortune, de l'ordre de 15 000 à 20 000 euros la place, note Régis Godec, ancien adjoint municipal chargé de l'écoquartier. Dans ce projet, la place revient à 10 000 euros. Elle est financée par les promoteurs immobiliers, qui la répercutent sur le prix de vente d'un appartement.»

Forcément, le propriétaire dépense moins au moment d’acquérir son appart. Il doit cependant débourser 25 euros par la suite, s’il veut disposer de son rectangle de bitume – il s’agit là d’un tarif préférentiel. Cette offre reste effectivement bien éloignée de la traditionnelle place B14 que l’on possède à vie et pour laquelle on a l’impression que c’est gratuit (alors que le prix de vente du logement intègre bien entendu les coûts de construction du parking).

Seul bémol selon l’élu qui a pensé le projet : l’absence d’une paroi pour habiller le bâtiment. Mais le budget définitif ne le permettait pas. (Photo 
Cabinet Séquences. Toulouse. DR)

Autre petite révolution qu'implique le parking de la Cartoucherie : il faut faire de la marche à pied. Car il y a environ 400 mètres à parcourir entre le «silo» et les différentes résidences. C'est voulu : «Un quartier où l'on peut se croiser autrement qu'en voiture est davantage propice aux échanges», relève l'élu. C'est là une des vertus écologiques du projet : ce système tempère le dogme de la voiture.

La Cartoucherie mise ainsi sur d'autres moyens de transport, tel le vélo. Si le parking voitures est relégué à quelques dizaines de mètres, les riverains ont droit à un stationnement sécurisé pour bicyclettes au pied de leur habitation. «C'est incitatif, estime Godec. A moyen terme, l'idée est qu'on peut économiser un certain nombre de trajets en voiture.»

Stations de partage ?

«Et, au fait, pourquoi faut-il un véhicule par habitant ? poursuit le responsable écolo. Le partage constitue une pratique très intéressante.» Ainsi, le parking-silo toulousain devait être équipé d'une «station de partage» avec des voitures électriques, grâce à un contrat avec une coopérative qui loue suivant l'heure et le kilométrage de conduite. Le principe du car sharing, actuellement suspendu, pourrait finalement voir le jour dans les prochains mois.

Les deux autres «parkings mutualisés» prévus dans l’écoquartier de la Cartoucherie sont eux aussi retardés et font l’objet de débats au sein de l’actuelle majorité municipale. S’ils sont construits, le nombre de places de stationnement pour voitures s’élèvera à 1 350, pour un total de 7 000 à 10 000 habitants attendus d’ici la fin des travaux de construction des logements, en 2020.