Loin des soucis d’inspection de sûreté qui paralysent aujourd’hui près d’un tiers de ses réacteurs nucléaires français, loin des inquiétudes qui planent sur la construction des deux réacteurs EPR d’Hinkley Point (Grande-Bretagne), EDF est à la manœuvre en Italie, pays où l’atome est inexistant et où les énergies renouvelables contribuent déjà pour 32% à la production d’électricité.
Le groupe d'énergie français, qui compte 1,2 million de clients via sa filiale transalpine Edison, veut y «tripler de taille» en passant «à trois ou quatre millions d'abonnés au gaz et d'électricité d'ici 2018-2019». Et pourrait même viser «la première place» du marché italien de la vente aux particuliers en rachetant carrément l'activité vente de détail de gaz et d'électricité du groupe énergétique italien ENI.
Cible des convoitises
«Tripler c'est un minimum. Si une opération significative peut-être réalisée nous la regarderons, a indiqué le directeur général de Edison, Marc Benayoun, lors d'un point presse à Paris, avant de désigner clairement la cible des convoitises d'EDF: «ENI a annoncé son souhait de sortir du retail, nous répondrons présents et nous serons actif lorsque le processus de mise en vente sera initié.»
Des éoliennes
Pour l'heure, le processus de cession n'a pas été initié par la maison mère ENI: «Leur objectif est de définir le périmètre d'ici à la fin du premier trimestre 2017, ce n'est qu'à ce moment-là qu'un processus formalisé de mise en vente pourra être effectué», a précisé Marc Benayoun, en estimant cette acquisition à «quelques milliards d'euros». Et ce n'est pas tout. En quatrième position dans l'éolien en Italie avec 590 MW installés, Edison est en train de lancer une OPA à 50 millions d'euros sur l'opérateur Alerion Cleanpower (260 MW) et veut aussi devenir «le numéro un de l'énergie éolienne» dans le pays. Quitte à procéder à d'autres acquisitions dans le secteur.
Mais EDF, qui doit faire à une situation financière très tendue en France avec l’énorme chantier de la maintenance des centrales nucléaires (50 milliards d’euros d’ici 2025) et le projet pharaoniquye d’Hinkley Point (15 milliards au bas mot) a-t-il les moyens de financer cette campagne d’Italie ?
«Trois à quatre milliards d'euros, c'est dans les moyens de Edison et ça n'impactera pas la trajectoire financière d'EDF», a répondu le patron de Edison. D'autant que pour financer l'opération, l'entreprise contrôlée à 99% par EDF envisage d'ouvrir son capital à hauteur de 20 à 35% «à un investisseur italien de long terme». Après avoir souffert ces dernières années de la chute des prix de l'énergie, Edison espère aussi que son résultat net sera de nouveau à l'équilibre en 2018, a également indiqué Marc Benayoun.