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Tri sélectif

Déchets : Paprec le roi du recyclage achète Coved le prince de la collecte

En acquérant cette importante filiale de la Saur, le leader du traitement et de la valorisation des déchets devient l'un des plus gros industriels du secteur. Tout en défendant une écologie concrète.
Le centre de recyclage Paprec le 12 octobre 2012 au Blanc-Mesnil. (Photo Christophe Maout pour Libération)
publié le 8 décembre 2016 à 18h54

«Le recyclage a un grand mérite par rapport à l'incinération ou l'enfouissement des déchets, c'est qu'il demande beaucoup plus de personnes et de sites industriels. Il crée une dynamique.» Cette dynamique, Jean-Luc Petithuguenin la développe dans la firme Paprec depuis plus de vingt ans et avec 17% de croissance chaque année, peut-être le mot est-il un peu faible. En rachetant Coved, la branche de collecte des déchets de la Saur, il faudrait plutôt parler de sérieux coup d'accélérateur.

«La voie royale»

Avec ce gros achat, dont Petithuguenin ne donne pas le prix sinon qu'il se situe «entre 220 et 280 millions d'euros», Paprec atteindra sans doute 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires tout en doublant ses effectifs. La collecte qui vient s'ajouter au recyclage : quoi de plus complémentaire ? «J'ai démarré cette activité de recyclage en pensant que dans l'avenir ce serait la voie royale», philosophe le patron. Pourtant, «il y a trente ans en France, les décharges polluaient les nappes phréatiques, les incinérateurs crachaient des dioxines…» se souvient-il.

Le recyclage est autrement plus stimulant. «Dans ce modèle, vous collectez un déchet et vous en faites une matière première.» En l'espèce, des plastiques. Dont le prix de revient est intéressant pour les utilisateurs si le pétrole, produit de base des fabrications de plastique, est cher. «Je suis plus à l'aise quand le baril est à 100 dollars que quand il baisse à 30», résume le patron. Le plastique de recyclage n'est plus anecdotique. «Quand vous achetez des tongs, elles sont fabriquées au deux tiers à partir du recyclage des films d'emballage.»

«Construire une industrie»

La collecte, que Paprec va récupérer avec Coved, est davantage un métier pépère, qui donne des contrats avec les collectivités au mieux à l'équilibre, mais sans incertitude. «La collecte des ordures en Vendée ne dépend pas des fluctuations du pétrole», résume le PDG. Mais le recyclage est bien plus tonique pour l'économie. «C'est un métier dans lequel l'innovation et les outils sont des investissements considérables. Chez Paprec, nous faisons 200 000 euros d'investissement par emploi créé. On est vraiment en train de construire une industrie.»

Dans un contexte où l'entrain des politiques pour l'écologie présente des hauts et des bas, Petithuguenin est plutôt bienveillant à leur égard, mesurant tous les progrès accomplis depuis trente ans quelles que soient les orientations du pouvoir. En même temps, il n'avait «pas anticipé que Ségolène Royal ne pousserait pas plus sur le recyclage». Mais bon, il s'accroche à son optimisme. «Un jour ou l'autre, prédit-il, il faudra créer un prix du carbone.» Un jour ou l'autre.