Dès qu'Immochan (filiale du groupe Auchan) a rendu public son gigantesque projet de centre de commerces, hôtellerie, culture et loisirs doté d'un «parc des neiges», il était apparu évident que ce dernier, avec sa piste de ski indoor, allait servir de monnaie d'échange. «Le parc des neiges ne sera réalisé qu'à la condition de la démonstration de sa conformité à l'ambition environnementale du projet», écrit la firme dans un communiqué. Pas gagné. Mais abandonner cette «infrastructure somptuaire» comme dit la région, n'est pas un sacrifice trop lourd pour faire accepter ce complexe géant supposé atterrir sur 80 hectares entre Roissy et Le Bourget. Du moins s'il permet de sauver le reste…
Le problème pour Immochan, c'est qu'il ne lui suffira pas d'oublier ses envies de neige pour faire aboutir son affaire. Suivant pas à pas les recommandations du débat public et du rapport commandé en juin par la ministre du Logement et de l'Habitat durable, Emmanuelle Cosse, les initiateurs du centre annoncent avoir «décidé de faire évoluer la conception architecturale du projet EuropaCity pour renforcer son ouverture physique vers son environnement extérieur, et améliorer ainsi les accroches urbaines». Une autre équipe d'architectes devrait aider de Bjarke Ingels, le danois chargé de l'ensemble, à raccrocher la création au futur quartier de bureaux qui va l'entourer (le logement n'étant pas possible dans cette zone exposée au bruit).
Sur la concurrence que cet équipement va créer pour les centres commerciaux alentour, et les effets destructeurs éventuels sur les emplois, le communiqué d'Immochan se contente d'évoquer «des partenariats avec le commerce de proximité», sans citer leur promesse de 12 000 emplois (que les experts évaluent à 10 000, dont 7 400 à 8 100 créations net).
Enfin, Immochan ayant fait entrer dans son capital le géant chinois Wanda, leader mondial des salles de cinéma, une étude sur «l'opportunité d'un centre culturel innovant dédié à l'univers du septième art» promet des discussions nerveuses avec les exploitants qui ont implanté des multiplexes dans les centres commerciaux du secteur.